« … C’est le coup d’Etat, le plus minable et le plus inutile que le monde ait connu, je ne dirai même pas l’Afrique. Je parle du monde entier. C’est le coup d’Etat le plus irréfléchi et le plus irresponsable. » A dit l’He Rachidi Gbadamassi joint au téléphone sur l’émission « Débat sur l’actualité » de BL TV qui avait pour thème « Coup d’Etat du Niger : Mutisme des acteurs politiques ».
Connu pour son franc-parler, Gbadamassi n’est pas allé par quatre chemins pour démonter le coup d’Etat de la bande au général Tiani. Dans ce décryptage, il n’a pas manqué de souligner qu’il faut éviter tout amalgame dans l’évocation de l’expression « intervention militaire ».
« Le Président Patrice TALON ne veut livrer aucune guerre au peuple frère du Niger comme les soutiens déguisés des putschistes le répandant dans l’opinion au Bénin. Ce n’est pas une guerre Bénin Niger. Une intervention militaire de rétablissement de l’ordre constitutionnel est une campagne militaire d’une autre nature avec des cibles bien précises et un objectif précis. » At-il affirmé.
Ci-dessous la transcription de l’intégralité de cet entretien qu’on peut suivre sur BL TV via le lien : https://youtu.be/g8hSGLupcPE.
Jurnaliste : Honorable Rachidi GBADAMASSI, bonjour.
Honorable Rachidi GBADAMASSI : Bonjour Monsieur le Journaliste.
Depuis le 26 juillet 2023, le Niger est au cœur de l’actualité sous régionale. Des militaires menés par le général Abdourahamane TCHANI ont renversé le président Mohamed BAZOUM élu en 2021. Comment avez-vous accueilli ce nouveau coup d’Etat en Afrique de l’Ouest ?
Avec beaucoup de tristesse, avec beaucoup de tristesse et de questionnements. J’en suis très triste et tout africain devrait avoir le même sentiment en dehors de ceux qui sont dans les illusions, je dirai les apôtres de l’irresponsabilité, les ennemis du progrès. Vous savez, ce qui se passe au Niger et que les militaires putschistes tentent désespérément de faire avaler à leurs pseudo soutiens, c’est le coup d’Etat, le plus minable et le plus inutile que le monde ait connu, je ne dirai même pas l’Afrique. Je parle du monde entier. C’est le coup d’Etat le plus irréfléchi et le plus irresponsable. Je le dis parce que, si par principe et par la civilisation, le renversement d’un pouvoir démocratique était déjà quelque chose d’inadmissible, le cas nigérien l’est encore davantage, d’autant plus que, le président Mohamed BAZOUM, est arrivé au pouvoir, seulement en février 2021 à l’issue d’un scrutin démocratique salué par tous à travers l’Afrique et le monde entier. Ce qu’ont fait les auteurs du coup de force du 26 juillet, n’est ni plus ni moins qu’un acte d’inimitié, un acte de violence envers l’ensemble du peuple nigérien. Ce coup d’État qui ne doit en aucun cas prospérer, est surtout un acte raciste qui va davantage diviser le peuple du Niger. Vous n’êtes pas sans savoir Monsieur le journaliste, que comme la plupart des pays africains, le Niger est aussi une mosaïque de communautés ethniques et tribales. Lorsque vous analysez de très près les appartenances ethniques des officiers à la manœuvre et la communauté à laquelle appartient le président Mohamed BAZOUM, vous verrez les motivations ethnocentristes et racistes de ce coup de force. Et c’est ça qui rend plus dangereux ce coup d’État. Il faut y mettre fin par tous les moyens avant que cela ne soit trop tard pour le Niger.
Y mettre fin par tous les moyens, y compris par une intervention militaire comme l’envisage la CEDEAO ?
Oui oui, absolument. Si les usurpateurs ne veulent pas entendre raison, je pense que le recours à la force devient inévitable. Tous ceux qui comme moi aiment le Niger, ne doivent en aucun cas espérer que cette situation dure trop longtemps. Plus ça dure, plus les putschistes vont se conforter dans leur positon. Soit on est contre le coup d’Etat et on agit, soit on soutient le coup d’Etat et on ne fait rien.
Pourtant, plusieurs voix se sont élevées contre le coup d’Etat sans être pour une intervention militaire de rétablissement de l’ordre constitutionnel?
Ce sont des hypocrites et c’est cette hypocrisie qui explique en partie le mal dont souffre l’Afrique. J’ai effectivement entendu des acteurs publics et politiques adopter une telle position. En plus d’être hypocrite, c’est une position irresponsable et ambigüe. Il ne sert à rien de condamner verbalement le coup d’Etat et ne pas soutenir le rétablissement de l’ordre constitutionnel par la force. En réalité, beaucoup de ceux qui adoptent une telle position, sont des pro-coup d’Etat qui n’ont pas le courage de s’assumer. Certains souhaitent que la même situation se produise chez nous. Ils ont tout simplement peur d’être poursuivis pour apologie de crime, le coup d’Etat étant un crime. Au Bénin, on parle d’atteinte à la sûreté intérieure de l’État. C’est la qualification pénale du coup d’Etat dans notre droit positif. Alors par peur d’être poursuivis pour apologie de crime, ils se cachent derrière l’opposition à une intervention militaire visant à réhabiliter un chef d’Etat démocratiquement élu, pour soutenir le coup d’Etat qu’ils prétendent condamner avec la bouche. C’est lâche et irresponsable.
Vous êtes donc en phase avec le chef de l’État Patrice Talon sur cette option ?
Je suis en phase avec la CEDEAO. C’est d’abord une option envisagée courageusement par la CEDEAO et soutenue par le Président Patrice TALON en homme d’Etat responsable. Le Président Patrice TALON ne veut livrer aucune guerre au peuple frère du Niger comme les soutiens déguisés des putschistes le répandant dans l’opinion au Bénin. Ce n’est pas une guerre Bénin Niger. Une intervention militaire de rétablissement de l’ordre constitutionnel est une campagne militaire d’une autre nature avec des cibles bien précises et un objectif précis. Les attaques contre la dignité du peuple béninois à travers des injures proférées contre notre Président Patrice TALON ici et ailleurs sont motivées par autre chose. Sa posture républicaine dans la résolution de la crise nigérienne n’est qu’un prétexte fallacieux pour l’invectiver. De toutes les façons, si les autorités des pays d’où viennent les injures publiques contre notre chef de l’État, ne sanctionnent pas leurs auteurs, c’est qu’elles sont complices ou commanditaires. Un Béninois ne peut pas injurier impunément un dirigeant étranger. Nous sommes un pays et un peuple civilisés. Je pense que les pays concernés revendiquent la même civilisation que nous. Il faut que leurs autorités agissent au plus vite. Le Président Patrice TALON doit bénéficier du soutien de tous ceux qui sont Républicains et Démocrates. Les autres sont des partisans déguisés du désordre qu’ils veulent voir se reproduire chez eux.
Que va-t-il se passer au Niger si la CEDEAO ne va pas jusqu’au bout ?
La CEDEAO a intérêt à aller jusqu’au bout pour sa crédibilité d’ abord. Je ne vois pas les soldats nigériens combattre les troupes de la CEDEAO pour que l’usurpateur Tchiani reste au pouvoir. Ce dernier est un assoiffé du pouvoir et ça, c’est connu depuis des années par Mohamed BAZOUM lui-même. Si la CEDEAO fléchit, nous allons assister à la désintégration du Niger. Le pays sera coupé en deux ou en trois avec des risques d’une nouvelle rébellion. Et ce sera pathétique.
Honorable Rachidi GBADAMASSI, merci.
C’est moi qui vous remercie.