Reçu sur BL TV, l’analyste politique Aboubakar TAKOU retrace la chronologie des événements, dénonce des « délinquants sans cerveau » et voit dans cet échec un signal fort pour la stabilité du Bénin et de la sous-région.
Dans la foulée de la tentative de putsch avortée ce dimanche 7 décembre, l’analyste politique Aboubakar TAKOU était l’invité de BL TV pour un long entretien décryptant la crise. Retraçant heure par heure le déroulé des événements, il a livré une analyse sans concession des motivations des putschistes, salué la réponse des forces républicaines et envisagé les conséquences politiques de cet épisode.
Aboubakar TAKOU a commencé par retracer une chronologie détaillée de la nuit et de la matinée du 7 décembre. Il a révélé qu’un message prémonitoire avait été posté sur les réseaux sociaux par un compatriote dès la veille, vers 23h, annonçant « un grand message pour tout le monde ». Trois heures plus tard, vers 2h du matin, les domiciles de plusieurs généraux – Abou Issa, Gomina et Bada – étaient assiégés par les mutins.
« Le général Bada a su se défendre. Mais malheureusement, les mutins se sont emparés de son épouse, son petit-fils, et même sa fille à ce qui paraît. Ils les ont emportés ou ils ont tiré directement sur son épouse qui a reçu beaucoup de balles », a-t-il détaillé, lançant une prière pour la santé de Mme Bada, grièvement blessée.
Il a également confirmé que la résidence présidentielle à Guézo avait été attaquée, mais qu’une « réplique farouche » des gardes avait repoussé l’assaut. La « seule victoire » des mutins, selon lui, a été la prise temporaire de la télévision nationale (SRTB) pendant « une trentaine de minutes », permettant la diffusion en boucle de leur proclamation.
L’analyste a été particulièrement virulent à l’encontre des auteurs de la tentative, refusant même de les qualifier de militaires. « Je crois que c’est trop dit, c’est quelques délinquants, je précise bien mon mot, quelques délinquants en mal de sensation, qui n’ont pas de cerveau », a-t-il asséné.
Il a fondé ce jugement sévère sur la violence exercée contre des civils, notamment l’épouse du général Bada. « Dans la logique militaire, un militaire blessé ne fait plus l’objet d’une attaque […] Quand vous voyez que des militaires ont pu tirer sur des civils […] il faut les appeler par leur nom, c’est de petits délinquants qu’il faut […] punis avec la plus dure rigueur. »
TAKOU a salué l’efficacité et la célérité de la réponse des forces de sécurité, qui ont selon lui « montrer de quoi ils sont capables », arrêtant une douzaine de mutins. Mais le fait le plus marquant, à ses yeux, reste l’absence totale de soutien populaire à la tentative.
« J’avais cru que, même sur les réseaux sociaux, les gens allaient dire, “Bon, bingo, on a libéré le pays”. Mais ça n’a pas été le cas. Au contraire. […] Les Béninois ont changé de mentalité », a-t-il analysé, y voyant la preuve d’une adhésion au modèle de gouvernance en place et d’une maturation démocratique. « Aujourd’hui, plus que jamais, le président Talon est aimé. Il est adoubé. »
Interrogé sur les retombées, l’analyste estime que cet échec va renforcer la légitimité et la détermination du président Talon. Il va même plus loin en plaidant, en son « avis personnel », pour un maintien du chef de l’État au-delà de son mandat actuel pour « sécuriser la maison » dans ce contexte instable.
Enfin, il voit dans cet échec rapide un signal fort pour toute la sous-région ouest-africaine, secouée par une série de coups d’État. « Le Bénin vient de montrer que […] on peut bien en arriver à mettre fin à tout ça. […] Le Bénin a donné le bon exemple. » Pour lui, la recette est claire : un régime en harmonie avec son peuple, appuyé sur une armée patriote et bien formée, peut résister aux tentatives de déstabilisation.
Le décryptage d’Aboubakar TAKOU dresse le portrait d’une tentative de putsch portée par une poignée d’individus violents et mal coordonnés, immédiatement écrasée par l’État et rejetée par la population. Au-delà du récit des événements, son analyse pointe une transformation profonde de la société béninoise et envoie un message de stabilité à une région en crise.
WM



