Le général Abdourahamane Tiani ne peut pas être comparé à ces militaires d’une autre époque qui ne réfléchissaient que par les bruits de bottes. La junte militaire au pouvoir à Niamey fait partie de ces enfants de troupes triés par compétences depuis le primaire pour entrer dans les Prytanées militaires.
On ne peut donc pas dire que le général Tiani a quelque sentiment que le Bénin pourrait constituer une menace pour le Niger au point où la fermeture de la frontière est une nécessité. Mieux, le général Tiani est tout aussi d’accord avec le président Talon sur cette logique d’observance du point 1 de l’article 3 de l’accord bilatéral entre les deux pays frères pour la facilitation du projet Pipeline Niger-Benin.
Puisque ledit accord bilatéral précise sans ambages que : « Le droit de transit du pétrole brut en provenance du territoire nigérien sur le territoire béninois est octroyé à l’État du Niger et c’est en vertu de ce droit que tous les autres accords ou instruments juridiques du projet ont été mis en place ;
Ainsi donc, pour la mise en œuvre de ce droit de transit octroyé à l’État du Niger, les deux États reconnaissent la section du système de transport située sur leurs territoires respectifs comme formant un seul et unique système intégré de transport par pipeline (article 5.1 de l’Accord Bilatéral). Et conformément à l’esprit dudit Accord, l’État du Niger et l’État du Bénin sont tous les deux garants de la jouissance, à travers le système de transport, du droit de transit octroyé à l’État du Niger par les expéditeurs du pétrole brut en provenance du Niger comme les deux sociétés opérant le système de transport ».
Ceci dit, toute procédure de fermeture de frontière par l’un ou l’autre est synonyme de dénonciation des termes de l’accord bilatéral. Il ne peut donc plus avoir d’entente autour de la fluidité de ce liquide brut en provenance des profondeurs d’Agadès pour le terminal de Sèmè. Le général Tiani n’a donc plus besoin qu’on lui fasse un dessin pour qu’il comprenne que c’est son pays à travers ses agissements, qui a dénoncé les termes de l’échange entre ces deux pays au sujet du pipeline Niger-Benin. Dès lors, l’on doit se demander ce qui peut justifier que la junte militaire continue de maintenir la frontière fermée de son côté. Ou mieux, le refus du général Tiani de recevoir l’envoyé de son homologue béninois de surcroît détenteur d’un message personnel et confidentiel pour lui.
La réponse est là toute simple : la troupe à Tiani n’étant pas préparée pour la gestion d’un grand pays tel que le Niger, n’est pas en train de faire l’unanimitié à moins d’un an de gestion du pays. Il faut alors trouver le déclencheur de la fibre patriotique et panafricaniste pour tenir le peuple en respect et en symbiose contre le maître désigné (La France ). Le Bénin serait le corridor idéal pour permettre à « l’envahisseur », la France, d’attaquer. Et tant que durera cette menace virtuelle, les populations du Niger continueront de dire Bèèèèè sans ronchonner contre l’autorité à Niamey.
Voilà pourquoi la junte est accrochée à cet alibi pour maintenir une certaine cohésion dans une réalité faite d’une Nation en lambeaux du fait de l’incapacité du général Tiani de faire l’économie du développement, sa bête noire.
Aboubakar TAKOU