(Le maire Ahanhanzo-Glèlè, lui, pleure toutes les larmes de son corps)
S’il y a une chose qu’on reconnaît au gouvernement de la rupture, c’est sa soif de justice. Et rien ni personne ne pourra bénéficier d’un traitement de faveur s’il transgresse les règles et tombe dans les mailles de la justice, peu importe son rang et sa classe sociale. Tout est passé au peigne fin, et c’est d’ailleurs ce à quoi s’emploie l’autorité judiciaire dans l’affaire de bradage des réserves administratives à Djimè Sud à Abomey.
Les officiers de police judiciaire, agissant pour le compte de la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), mènent une enquête approfondie sur cette affaire et ont déjà interrogé plusieurs personnes. Parmi ces dernières, Fortunet Nouatin, ministre délégué à la Défense nationale et ancien maire d’Abomey, également dans le collimateur des enquêteurs.
En effet, le ministre Fortunet Nouatin, en sa qualité d’ancien maire d’Abomey, est soupçonné d’avoir signé des certificats administratifs de propriété pour les bénéficiaires des réserves administratives bradées. Ainsi, il a été cuisiné par les officiers de police judiciaire. Bien qu’il n’ait pas été convoqué dans les locaux de la brigade criminelle en raison de son statut de ministre en exercice, l’ancien maire a reçu la visite de la délégation judiciaire pour recueillir sa déposition. Car, même en tant que ministre, cela ne l’exempte pas de l’enquête en cours où il risque d’être impliqué. Il n’est pas exagéré de dire que la prison lui fait des yeux doux.
En ce qui concerne son prédécesseur à qui il a succédé à la tête de la mairie d’Abomey, c’est la grosse galère. Il est maintenant établi que l’arrêté du 10 juin 2011 pris par l’ancien maire Blaise Ahanhanzo-Glèlè, autorisant la cession à titre onéreux des réserves administratives de la commune d’Abomey, était illégal. Au lieu d’annuler cet arrêté pour protéger le patrimoine communal, Fortunet Nouatin s’est appuyé dessus pour délivrer des certificats administratifs de propriété à certains bénéficiaires. Et c’est d’ailleurs cette action qui expose l’ancien maire et ministre de Talon sur la grille à braise et à des conséquences juridiques sévères.
Dans cette même affaire, de nouvelles accusations sont portées contre Blaise Ahanhanzo-Glèlè et Victorin Aholou, ancien chef du service des affaires domaniales, concernant des irrégularités dans l’ouverture de voies. À force d’accumuler les bourdes monumentales, leur passé les rattrape de manière irrévocable.
En effet, selon les accusations, des fonds décaissés pour le projet auraient été dépensés sans que les travaux correspondants ne soient réalisés. C’est clair que la ceinture se resserre autour de Blaise Ahanhanzo-Glèlè, ce qui pourrait avoir des conséquences graves pour lui.
À l’issue des interrogatoires menés par la brigade criminelle, tous les suspects et témoins seront présentés devant le procureur spécial de la CRIET lors de l’audience prévue pour le 12 juin prochain. Malgré les spéculations sur une éventuelle intervention du président Talon, connu pour sa lutte contre l’impunité, les accusés devront faire face à la procédure judiciaire et les coupables auront ce qu’ils méritent. Même s’ils tentent en secret d’approcher un proche parent du chef de l’État pour étouffer l’affaire, ils tirent à terre et, comme disent les Ivoiriens, ils risquent de lire l’heure bientôt.
Nel Charbel KOFFI