Le député Joël Godonou du parti Les Démocrates (LD), élu de la 16ème circonscription électorale, a récemment déclaré dans une vidéo qu’il n’y a pas de décentralisation au Bénin. En réaction à ces affirmations, Eudoxie DAKPE, Conseillère technique à la Décentralisation et au Développement local du Président de l’Assemblée nationale, a exprimé son mécontentement et a clarifié la situation de la décentralisation au Bénin.
En effet, elle a déclaré que les affirmations sur la Décentralisation, telles qu’elles sont présentées par le député du parti LD dans une capsule spécialement conçu, l’incitent à rectifier les faits de manière objective pour éclairer l’opinion publique. Elle soutient également que la Décentralisation est un système administratif et politique visant à impliquer les citoyens dans la gestion des affaires locales. En examinant le processus ayant conduit à la réforme de l’Administration Territoriale au Bénin, il est apparu que le but ultime de la Décentralisation est de favoriser la Démocratie à la base et de développer le secteur local, a-t-elle confié. Selon elle, toutes les actions et initiatives en matière de Décentralisation devraient normalement être orientées vers la réalisation de ces deux objectifs.
En effet, depuis 2003, le Bénin a entamé sa transition vers la Décentralisation. Cependant, ce processus est confronté à divers défis tels que la politisation excessive de l’administration communale, la faible capacité de collecte des recettes internes, le manque de cadres techniques spécialisés adaptés aux besoins locaux et un manque d’infrastructures adéquates. À partir de 2016, des mesures correctives ont été prises pour améliorer la gouvernance au niveau des collectivités territoriales. L’adoption d’un nouveau code sur l’administration territoriale en octobre 2021 a conduit à la création de nouveaux organes de gestion. Ces réformes visent à renforcer les compétences des responsables locaux, notamment en recrutant des Secrétaires Exécutifs plus qualifiés chargés de la gestion budgétaire des communes afin d’améliorer la gouvernance, car les élus ne possèdent pas toujours les compétences requises pour certaines tâches. Grâce à un cadre institutionnel plus solide, les défis de développement sont désormais abordés de manière plus efficace, bien que ces réformes entraînent inévitablement des tensions qui s’apaisent progressivement.
Il y a eu une augmentation significative des ressources financières des communes en 2023 et en 2024, notamment à travers des subventions de l’État accordées via des contrats avec des agences nationales. Cela témoigne non pas d’une centralisation, mais d’une délégation de la gestion de projets, les communes conservant leur pouvoir décisionnaire. Le nouveau code électoral de 2024 prévoit que le maire et ses adjoints soient désignés par le parti majoritaire ou par un accord de gouvernance en cas de majorité relative.
Elle conclut en insistant sur l’importance de la relation entre l’État et les collectivités territoriales, soulignant que toute réforme de la décentralisation qui ne favorise pas le développement local est inutile. Selon la conseillère, il n’y a pas de modèle universel, chaque pays évolue et s’adapte progressivement. Donc, il serait regrettable de vouloir freiner ou stopper le processus de décentralisation entamé depuis 2016.
Jean De Dieu TRINNOU