Que personne ne vous trompe. Le président Patrice Talon aime toujours son frère Olivier Boko. Mais il est déçu par la tournure que prennent les choses avec le procès en sorcellerie que lui font tous les membres de la galaxie Boko. En réalité, les liens amicaux et fraternels entre les deux hommes restent intacts.
Le président Talon veut toujours avoir son frère, presque jumeaux, à ses côtés pour finir son dernier mandat comme ils l’avaient commencé. Mais il se trouve que certains hommes d’Église voient un destin d’homme d’État au fidèle Olivier Boko et par conséquent, il devra succéder à son ami, Patrice Talon. Malheureusement pour cette divination des hommes dits de Dieu, Patrice Talon a mis la fonction présidentielle à un niveau où il ne lui est plus permis d’en faire un biscuit à se passer entre amis. Et même pas de père en fils.
Donc, Olivier Boko dans l’éthique du président Talon restera sa moitié en amitié et en fraternité, mais pas dans la succession à la tête du pays. En temps normal, ce ne devrait pas être un problème pour son complice de frère depuis l’exil à la Rupture (08 ans). Mais il se fait que les Évangélistes comme ils savent le faire, ont déjà accaparé la logique du « vice-président » Olivier Boko et lui ont mis en tête que c’est Dieu même qui le prédestine à ce destin présidentiel n’en déplaise à son frère et président sortant.
C’est le début du désaccord puisque la filière OB26 a commencé sans que personne ne doute de l’instigateur. Comme le nez dans le visage, tout le monde voyait Olivier Boko. Mais l’intéressé n’a toujours pas reconnu devant son ami en être pour quelque.
Au nom de la dictature de l’amitié, le président Talon aura mis du temps pour croire en l’implication pourtant palpable de son frère. Mais dès qu’il a su qu’un bébé avait été fait dans son dos, il s’est senti trahi. Néanmoins, cette blessure n’a pas détruit le capital amour que Olivier Boko a dans son cœur.
Et tout ceci allait pouvoir se régler si certains anciens collaborateurs du Chef de l’État ne venaient pas en rajouter par leur logique déconcertante de la suprématie de monsieur Boko sur Patrice Talon. Le président serait le diable et monsieur Boko, l’ange. C’est donc pour remettre les pendules à l’heure devant ses députés, qu’il a été récemment, dans l’obligation, de dire à tous que c’est lui la générosité dont fait montre Olivier Boko à leurs yeux. Puis, il a ajouté que jusqu’à demain, l’ami continuera de bénéficier de sa confiance sur ce terrain. Mais cette dernière phrase n’a pas suffi à convaincre les démons du bras droit du président Talon, de le laisser aux côtés de son ami président.
Ils l’ont poussé à la rébellion et à croire davantage à ses chances de diriger ce pays même s’il le faut, contre le choix, la volonté du président en exercice.
Voilà qui met le président Talon dans une profonde souffrance. Celle d’être partagé entre le désir d’imposer son éthique de ne point s’amuser avec l’essence de la fonction présidentielle et la puissance de son amour pour son frère Boko.
Pour le moment, rien n’est totalement perdu. Les deux frères ont toutes les chances de regarder dans la même direction. À condition que, bien entendu, les manipulateurs du cerveau de monsieur Boko le libèrent pour qu’il pense à aider son frère à bien finir son mandat au lieu de végéter dans sa logique de défi après l’avoir renié.
À supposer même que le président Talon ait toujours perdu de son aura, il reste qu’il est encore au pouvoir pour deux ans. Et pour ceux qui maîtrisent la force de la puissance publique, même s’il n’arrivera pas à imposer son choix en 2026, il aura la fortune d’empêcher la candidature de Olivier Boko. De Macky Sall dont la succession étonne parce que son choix a été battu à plate couture par le choix de l’opposition, on retiendra qu’il aura réussi à empêcher la candidature de Ousmane Sonko, celui qui l’a publiquement défié.
Conséquence, que les pro-Olivier Boko changent de paradigme pour laisser les vertus de la colombe unir les deux hommes comme par le passé. Car il est plus facile de faire la guerre que de faire la paix.
Pour être élu, il faudra bien que l’ami Olivier Boko soit candidat. C’est pourquoi il ne faut pas pousser le bouchon loin jusqu’à réveiller le monstre qui sommeille en tout chef d’État. Le risque sera trop grand pour les opérateurs économiques soupçonnés à tort ou à raison de financer la filière OB26. Et comme un malheur ne vient jamais seul, ce sera le tour des cadres de l’administration que les services de renseignements débusqueront comme proches de Olivier Boko. Deux ans dans cet enfer sont parfois synonymes d’une éternité.
Ne poussons donc pas le désamour entre les deux hommes à ce niveau-là. Le président Talon continue d’aimer son petit. Donnons-leur alors la chance de vivre leur fraternité jusqu’à la fin.
Aboubakar TAKOU