La justice française a lancé une enquête après la disparition d’un important chargement d’uranium sur un site minier du nord du Niger, dans un contexte de tensions croissantes entre la junte militaire nigérienne et le groupe français Orano. L’information a été confirmée le vendredi 19 décembre par le parquet de Paris à l’Agence France-Presse (AFP). L’enquête porte sur des faits de vol en bande organisée, avec la suspicion que cette opération ait pu profiter à une puissance étrangère. Les investigations ont été confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), soulignant la sensibilité stratégique de l’affaire.
Le site visé est la mine d’uranium de la Somaïr, à Arlit, dans le nord du pays. Exploitée par Areva, devenu Orano, la mine a été nationalisée par la junte au pouvoir depuis le coup d’État de juillet 2023. Avant cette nationalisation, Orano détenait 63,4 % du capital, l’État nigérien les 36,6 % restants.
Fin novembre, Orano avait signalé qu’un chargement d’uranium avait quitté la mine sans son accord. Le groupe a nié toute implication et a fermement condamné cette opération. Quelques jours plus tard, la junte a annoncé son intention de vendre l’uranium produit par la Somaïr sur le marché international.
Selon le collectif de journalistes Wamaps, repris par Le Monde, près de 1 000 tonnes d’uranium non enrichi auraient quitté Arlit. Une partie du stock serait conservée à Niamey, tandis que le reste serait en route vers le port de Lomé, via le Burkina Faso.Cette affaire reflète les relations tendues entre la France et le Niger. La junte revendique le droit de disposer librement des ressources naturelles du pays. Le président nigérien, le général Abdourahamane Tiani, a déclaré à la télévision publique Télé Sahel que le Niger pouvait vendre sa production « en toute indépendance ».
De son côté, Orano a engagé plusieurs procédures d’arbitrage international après la perte de contrôle de ses filiales minières. Fin septembre, un tribunal aurait interdit au Niger de vendre environ 1 300 tonnes de concentré d’uranium, estimées à 250 millions d’euros. L’enquête judiciaire en cours pourrait avoir des conséquences majeures, tant sur le plan diplomatique que pour la sécurité et le contrôle des matières nucléaires.
Fallone CHABI-BONI



