La plus grande difficulté de la Rupture n’est pas l’opposition. Elle n’est d’ailleurs pas suffisamment intelligente et assez astucieuse pour poser des problèmes à l’équipe du président Talon. Ce sont plutôt ceux qui ont la veine d’être dans les bonnes grâces du pouvoir alors qu’ils n’en ont même pas le mérite, qui tuent la Rupture.
Non seulement, ils n’ont aucune pudeur pour comprendre qu’il faut être le premier bouclier de celui dont ils disent porter le projet de société, mais aussi dans la réalité, ils posent plutôt des actes à compromettre l’image et la gestion de leur leader charismatique, Patrice Talon. Tout ceci parce qu’ils estiment qu’il ne leur a pas laissé les coudées franches afin de disposer à leur guise, de ce qui revient à tout le monde.
Le traitement presque caverneux dont est l’objet l’ancienne ministre de la Justice, Réckya Madougou, en est une preuve. S’il faut faire plaisir à la Rupture et à son chef en ramenant les choses à l’endroit contre le projet d’intoxication de l’écurie LD, ces zélés à la conscience rabougrie, n’en savent rien. Ils sont plutôt excellents à poser des actes à diaboliser le président de la République. Car tout le monde sait que, ni le chef de l’État, Patrice Talon, encore moins, le jeune procureur spécial de la Criet, Mario Mètonou, ne peut avoir écrit le scénario des conditions actuelles de vie de Réckya Madougou à la prison de Missérété.
Dans l’univers carcéral béninois, elle est la seule détenue dont les conditions de privation de liberté ne s’améliorent pas, mais se détériorent de jour en jour. Elle n’a toujours pas le droit d’appeler ses enfants, ne serait-ce que pour la rentrée des classes par exemple, contrairement à ses codétenus, qui, eux, le font via la cabine publique à laquelle tous les détenus ont accès. Ce qui n’est pas le cas de son ami Joël Aïvo qui, lui, a même une cabine téléphonique à la limite personnelle, sans oublier le fait qu’il jouit également de son ordinateur portable pour ses recherches. Il n’en fallait pas plus pour pousser certains ennemis du président Talon, à brandir ce qui n’est pas : la fibre régionaliste. Madame Madougou étant du Septentrion, elle ne serait pas de la bonne région. Mais ils oublient que « monsieur le maire », le sobriquet par lequel le président Talon appelait son doyen, feu monsieur Madougou, le papa de Réckya Madougou, a été un ami frère au président Talon.
Comme sa maman. Celle que le président Talon appelle d’ailleurs, « ma sœur de race ». Autrement dit, le président Talon n’a jamais été à la base de ces consignes de conditions disproportionnées, entre madame Madougou et son frère Joël Aïvo.
Cependant, il est triste de savoir que même la télé, la radio sont interdites à la ministre contrairement à tous les autres et c’est tout ça qui fait sortir, de temps en temps, la fille du président Talon, de ses gongs. On la prive même à Missérété, de la proximité de ses parents. L’humiliation montée de toutes pièces au moment de la fouille corporelle de sa mère, à sa dernière visite à Missérété, montre bien la mauvaise foi érigée en institution contre la détenue. On lui refuse tout à Missérété comme s’il s’agissait d’un cas de grands criminels condamnés à mort et dont les crimes sont longs comme le bras.
Et c’est pour attirer l’attention des autorités sur le durcissement inutile dont elle est l’objet, qu’il y a un mois, elle saisissait le ministre de la Justice pour demander de lui permettre d’appeler ses enfants et autres. Malheureusement, elle n’a pas eu de réponse. Sans doute que le garde des sceaux n’a jamais été saisi de cette correspondance.
Aujourd’hui, l’expérience a prouvé que Réckya Madougou n’est pas le problème des responsables du parti LD. Eux ont plutôt intérêt que son maintien en détention et les cruautés dont elle est victime, les aident à engranger des voix qu’ils n’arrivent pas à réunir par le travail sur le terrain. Conséquence, aussi curieux que cela puisse paraître, c’est le président Talon à qui on veut attribuer la mort de Réckya Madougou si cela arrivait, qui est son seul soutien. C’est à lui que revient le devoir de sauver sa fille qu’il a peut-être suffisamment punie.
Aboubakar TAKOU