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Politique

En sa qualité d’ancien président de la commission qui a examiné la réforme de la fusion police-gendarmerie : Gbadamassi répond point par point à Houndégnon.

« Monsieur HOUNDEGNON est un frère-ami pour qui j’ai toujours du respect au regard de tout ce qu’il a eu à accomplir sur le plan sécuritaire, mais face à certaines déclarations, il est important et très urgent de rétablir la vérité. »

A affirmé Rachidi Gbadamassi, ancien député à l’Assemblée nationale pendant cinq législatures, ancien président de groupe parlementaire, ancien président de la Commission en charge de défense et sécurité de l’Assemblée nationale, Premier vice-président du Réseau des parlementaires africains membres des commissions de défense et sécurité (Repam-Cds) suite aux déclarations de l’ancien Directeur Général de l’ex-Police Nationale, Louis-Philippe Houndégnon, sur les reformes sécuritaires menée par le gouvernement Talon au cours d’une interview télévisée.

Et le député honoraire a une bonne raison en montant au créneau. « En temps normal, je ne devrais pas réagir à de tels propos… Mais mon statut d’ancien président de la commission en charge de la défense et sécurité de l’Assemblée nationale huitième législature, m’oblige à apporter certains éclaircissements dès lors que c’est sous cette législature et sous ma présidence que la plupart des réformes sécuritaires ont été étudiées à ladite commission et réalisées. » Poursuit-il. Et pour ce faire, il a répondu aux différentes critiques exprimées point par point : « La fusion police-gendarmerie est un échec cuisant ; le statut actuel de la police comporte des failles ; la promotion de la police disciplinaire est accrue en lieu et place de la police territoriale et communautaire ; des bavures policières sont liées au manque de formation ; le manque de moyens est né ; le statut actuel de la police républicaine n’a pas reçu de décret d’application en ce qui concerne la mise à la retraite d’office de fonctionnaire ; et la sécurité au Bénin se porte mal. »

Au-delà des éclaircissements apportés, Gbadamassi a tenu à faire une importante remarque : « tant qu’il reste à faire, c’est que rien n’est encore fait. Les menaces terroristes que vivent les institutions et les populations du Bénin depuis un moment nécessitent des réponses adéquates communes. Tous autant que nous sommes, chacun doit mettre la main à la pâte aux fins d’actions coordonnées dépourvues de toute considération politique, religieuse, régionaliste encore moins raciste. »

Lire ci-dessous l’intégralité de sa réaction.

REACTION DE MONSIEUR RACHIDI GBADAMASSI, ANCIEN DEPUTE A L’ASSEMBLEE NATIONALE PENDANT CINQ LEGISLATURES, ANCIEN PRESIDENT DE GROUPE PARLEMENTAIRE, ANCIEN PRESIDENT DE LA COMMISSION EN CHARGE DE DEFENSE ET SECURITE DE L’ASSEMBLEE NATIONALE, PREMIER VICE-PRESIDENT DU RESEAU DES PARLEMETAIRES AFRICAINS MEMBRES DES COMMISSIONS DE DEFENSE ET SECURITE (REPAM-CDS), SUITE A L’INTERVIEW DE MONSIEUR LOUIS PHILIPPE HOUNDEGNON, ANCIEN DIRECTEUR GENERAL DE L’EX-POLICE NATIONALE, ANCIEN DIRECTEUR DE CABINET DU MINISTRE CHARGE DE LA SECURITE, ANCIEN FONCTIONNAIRE DE POLICE MIS A LA RETRAIRTE D’OFFICE, RELATIVES AUX REFORMES SECURITAIRES

Au cours d’une interview animée par la chaîne de presse REPORTER MEDIAS MONDE, monsieur Louis-Philippe HOUNDEGNON, ancien directeur général de l’ex-police nationale, ancien directeur de cabinet du ministère en charge de la sécurité, ancien fonctionnaire de police mis à la retraite d’office, a eu à porter des critiques sur l’état de la sécurité et les réformes sécuritaires au Bénin. En temps normal, je ne devrais pas réagir à de tels propos, vu que je ne suis ni du gouvernement ni de la police. Mais mon statut d’ancien président de la commission en charge de la défense et sécurité de l’Assemblée nationale huitième législature, m’oblige à apporter certains éclaircissements dès lors que c’est sous cette législature et sous ma présidence que la plupart des réformes sécuritaires ont été étudiées à ladite commission et réalisées. Alors vous comprenez avec moi que le fait de garder le silence en de pareilles circonstances serait assimilé à un aveu d’échec et ce serait un manque de respect, à la limite une injure à la représentation nationale, et en particulier aux députés de la huitième législature. Je ne vais pas m’attarder sur le ton et la forme banals avec lesquels il prononce le nom du Président de la République qui incarne une institution.

Les critiques exprimés s’articulent globalement autour du fait que :

I-          la fusion police-gendarmerie est un échec cuisant ;

II-         le statut actuel de la police comporte des failles ;

III-        la promotion de la police disciplinaire est accrue en lieu et place de la police territoriale et communautaire ;

IV-       des bavures policières sont liées au manque de formation ;

V-        le manque de moyens est net ;

VI-       le statut actuel de la police républicaine n’a pas reçu de décret d’application en ce qui concerne la mise à la retraite d’office de fonctionnaires ;

VII-      la sécurité au Bénin se porte mal.

De telles allégations nécessitent des éclaircissements.

D’abord, s’agissant du premier point, les arguments exprimés pour justifier l’échec de la fusion sont sans fondement. La fusion police-gendarmerie avait pour objectifs essentiels de mettre fin à la rivalité et aux conflits de compétences entre forces et surtout de mutualiser les moyens et les partages d’expériences, afin de faire face aux menaces sécuritaires. Le commun des Béninois remarque avec satisfaction que cette réforme a porté des fruits avec l’occupation plus ou moins entière du territoire national par des unités et l’accroissement d’actions, au grand bonheur des populations.

Sur le point II relatif aux failles du statut de la police républicaine notamment en ce qui concerne les barrières dans les avancements, le traitement discriminatoire des agents, les mises à la retraite d’office, les conditions de diplôme, il est important de faire savoir que l’autre objectif de la réforme était de rehausser les capacités techniques, professionnelles, intellectuelles et opérationnelles des agents au regard de l’ampleur des nouvelles menaces. Parce que le diagnostic a montré que l’une des difficultés des actions sécuritaires était liée à l’insuffisance des capacités opérationnelles lors des missions de sécurisation. Ce sont autant d’insuffisances contenues dans les anciens textes que le statut actuel a comblées. Certaines autorités politiques ne sont peut-être pas des administrateurs, mais elles sont accompagnées par des cadres techniques hautement qualifiés dans la conduite des réformes. Et c’est d’ailleurs pourquoi je ne crois pas que la hiérarchie policière soit dans une posture propagandiste comme l’affirme le communicateur.

Sur les points III et IV dans lesquels le communicateur fait cas de la promotion de la police disciplinaire en lieu et place de la police communautaire, et des bavures policières dues au manque de formation, je voudrais lui faire savoir que de ma position de parlementaire, j’ai vécu et participé à plusieurs activités de police communautaire. Et les témoignages et résultats sont très éloquents. Pour ce qui est des bavures policières, loin de faire croire que c’est une bonne chose, je voudrais juste faire savoir qu’elles ne datent pas de l’ère du régime TALON, ni propres au Bénin. Tout être humain qui pose des actes peut toujours faillir, il nous revient à tous de poursuivre implacablement des actions de dénonciation et de sensibilisation à l’endroit des populations et des forces de l’ordre.

Sur le point V relatif au manque de matériel, je voudrais que monsieur HOUNDEGNON ait l’amabilité de reconnaître que depuis les indépendances en Afrique, le régime qui a le plus mis la sécurité dans ses priorités et y a accordée des moyens tant, financier, matériel, technique, qu’humain, c’est celui de TALON que je salue franchement. Aucun régime n’a fait mieux. Je le salue franchement parce que je ne sais comment on s’en sortirait face aux attaques terroristes dont le Bénin fait face depuis le 1er décembre 2021 et que d’autres régimes n’avaient pas connues. Et je puis lui rappeler que ce ne sont les pas seules réformes conduites par la huitième législature. La commission que j’ai eue l’insigne honneur de présider a eu à étudier, en présence de la hiérarchie et des représentants du personnel des forces de défense et de sécurité et des membres du gouvernement, tant en séminaire qu’en commission, les lois relatives aux statuts spéciaux des personnels, au renseignement, au secret-défense, à la prise en charge et protection des personnes victimes en missions commandées et leurs ayants droits et j’en passe. Toutes ces actions ont permis de renforcer la quiétude des Béninois.

Sur le point VI relatif aux conditions de mise à la retraite d’office, l’article 167 du statut de la police républicaine dont j’ai eu l’honneur de conduire les travaux en commission, dispose que tout fonctionnaire de la police républicaine ayant accompli vingt ans de service peut être mis à la retraite d’office par décret et après un rapport dressé par le directeur général de la police républicaine. C’est donc une disposition sans équivoque qui n’a nullement besoin d’être spécifiée par un décret d’application. C’est la preuve que le gouvernement n’a jusque-là pas violé le droit.

Quant au dernier point relatif à la situation sécuritaire, je voudrais une fois encore contredire monsieur HOUNDEGNON et lui affirmer que la situation sécuritaire se porte mieux qu’il y a plusieurs années en arrière. Je le prie simplement de constater le remplacement des barrières de police fixes par des patrouilles mobiles, les comportements orthodoxes des agents, la quiétude des populations, la sûreté lors des voyages nocturnes, l’occupation générale du territoire, la réduction des tracasseries et rackets routiers et j’en passe.

Monsieur HOUNDEGNON est un frère-ami pour qui j’ai toujours du respect au regard de tout ce qu’il a eu à accomplir sur le plan sécuritaire, mais face à certaines déclarations, il est important et très urgent de rétablir la vérité.

Je vais finir en affirmant que tant qu’il reste à faire, c’est que rien n’est encore fait. Les menaces terroristes que vivent les institutions et les populations du Bénin depuis un moment nécessitent des réponses adéquates communes. Tous autant que nous sommes, chacun doit mettre la main à la pâte aux fins d’actions coordonnées dépourvues de toute considération politique, religieuse, régionaliste encore moins raciste.

                                                  Rachidi GBADAMASSI,

                                                  Ancien députe à l’Assemblée nationale pendant cinq législatures,

                                                  Ancien Président de groupe parlementaire,

                                                  Ancien Président de la commission en charge de défense et sécurité de l’Assemblée                                                  Nationale,

                                                   Premier-Vice-Président du réseau des parlementaires africains membres

                                                  des commissions de défense et sécurité (REPAM-CDS)

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