Dans la rubrique « Sous l’arbre à palabres » du journal « L’événement précis », le fonctionnaire international et fondateur de la Fondation Solidarité Bénin, Moukaïla Amadou, a présenté la fondation dont il est l’initiateur, ainsi que ses missions. Il a également mis en avant les défis qui ont motivé la création de la Fondation Solidarité Bénin.
En tant que membre de la Fondation Solidarité Bénin, Moukaïla Amadou incarne une nouvelle génération de leaders africains déterminés à transformer leur pays par l’action collective. « Notre fondation aide à réduire la pauvreté et contribue au développement solidaire et durable », a-t-il affirmé à propos de la fondation dont il est l’initiateur, tout en mettant en avant ses expériences à travers le monde, qui l’ont inspiré à mettre en place cette structure nationale qui se distingue par son approche participative, mobilisant de jeunes cadres béninois de la diaspora et de l’intérieur. « Nous ne sommes ni une association ordinaire, ni une fondation familiale. Nous sommes une communauté de Béninois unis par la volonté d’agir », a-t-il souligné. Selon ses dires, la Fondation Solidarité Bénin mise sur l’éducation comme levier de développement. Parmi ses initiatives phares, on peut citer le financement intégral des travaux dirigés (TD) dans des écoles défavorisées, la promotion de l’excellence via des prix symboliques (ordinateurs, vélos, kits scolaires) pour les meilleurs élèves, et un programme de mentorat en construction, avec des cadres internationaux de la fondation prêts à inspirer les jeunes par des ateliers et un suivi personnalisé.
Lors de cet entretien, Moukaïla Amadou a confié : « Notre objectif est de faire rêver la jeunesse béninoise ». Une ambition qui se traduit par des projets concrets, financés par les cotisations mensuelles (5 000 FCFA/membre) et des dons anonymes.
Contrairement aux modèles existants, la Fondation Solidarité Bénin se veut nationale et inclusive. Moukaïla Amadou a expliqué : « Aucune autre fondation ne réunit autant de fils et filles d’un même pays, sans appartenance politique ou familiale ». Dirigée par un conseil d’administration composé de professionnels expérimentés comme le Dr Ermel Johnson, elle combine rigueur managériale et flexibilité, permettant à chaque membre de lancer des initiatives locales sous son égide.
Moukaïla Amadou a également exposé les défis qui ont motivé la création de sa fondation : « Aujourd’hui, je ne veux pas que d’autres jeunes vivent ce que j’ai vécu ». « Nous travaillons pour une relève de qualité », a-t-il ajouté, rappelant que les fruits de ces efforts se verront dans 20 ou 30 ans. Malgré les défis financiers et politiques, la fondation reste neutre et ouverte à tous. « Notre force, c’est notre diversité et notre volonté commune », a-t-il conclu.
La Fondation Solidarité Bénin nourrit de grandes ambitions : un répertoire des métiers d’avenir, des campagnes de mentorat à l’échelle nationale et un plaidoyer pour l’éducation auprès de l’État. « Travaillons ensemble pour garantir un avenir à nos enfants », lance Moukaïla Amadou, dont la devise résonne comme un appel à l’action. Selon lui, « se mettre en communauté est vital pour atteindre les objectifs de développement ».
Jean de Dieu TRINNOU
Extrait des propos du jeune fonctionnaire international du la rubrique « Sous l’arbre à palabres »
• Quelle est l’importance du mentorat dans vos programmes ?
Le mentorat est important, nous en avons pris conscience mais pour le moment, cela n’est pas encore suffisamment développé. Tout ce que nous faisons, c’est des communications et le suivi scolaire des enfants. Il y a des enfants qui émergent. Nous avons décidé de suivre ces élèves de près, à travers les établissements où les directeurs, les censeurs nous permettent de faire ce suivi-là de façon régulière sur le terrain, de façon à ce qu’un élève que nous avons primé cette année puisse être parmi les meilleurs l’année qui suit pour ne pas le perdre, compte tenu des difficultés. Il y a aussi des enfants très brillants mais qui sont issus de familles très pauvres. Et si nous ne les suivons pas de près, malgré les efforts, ils ne pourraient pas persévérer. D’où la nécessité du mentorat dont vous parlez. Les mentorats aussi, c’est des communications que nous avons prévues faire à l’endroit des apprenants sur toute l’étendue du territoire. Cela fait partie de notre plan, de pouvoir commencer par faire des communications de façon régulière. Vous voyez, il y a beaucoup de cadres internationaux qui composent la Fondation ; chacun exerce dans un domaine donné. Il y a aussi des cadres, au niveau de l’administration, du privé, un peu partout dans la sphère professionnelle, et chacun avec son background. Nous avons réfléchi sur le fait qu’il est important qu’on se mette ensemble pour pouvoir commencer par descendre dans les localités, par département peut-être, pour pouvoir faire des communications, en vue de faire le mentorat, et puis aussi de faire le suivi, de faire des séances d’orientations aux apprenants. Cela va les motiver tout en sachant qu’il y a des aînés qui ont déjà fait ce parcours et qui travaillent dans un domaine donné, ça pourrait les inspirer à travailler davantage. Donc ceci aussi est envisagé, notre objectif étant de faire vraiment rêver la jeunesse béninoise. En dehors de ça, au niveau national, nous travaillons avec des organisations de la société civile. Par exemple, il y a un réseau qu’on appelle Réseau des femmes d’impact au Bénin. C’est des femmes qui s’organisent pour impacter aussi les communautés, les populations, surtout dans le domaine de l’éducation, le domaine de la santé sexuelle et reproductive des jeunes et adolescents. Et nous avons travaillé depuis environ deux ans à sensibiliser les jeunes filles et les jeunes garçons, à travers différents centres d’apprentissage, non seulement les écoles mais aussi les centres de formation professionnelle. Donc nous avons déjà fait près de quatre campagnes de communication, qu’on appelle « les ateliers La Boussole de la jeune fille ». Donc nous collaborons avec beaucoup d’organisations de la société civile pour pouvoir répondre à certains besoins pour lesquels nous on n’a pas encore les moyens de répondre de façon urgente et de façon efficace.
• Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez dans la mise en œuvre de vos différents projets dans l’éducation et comment vous arrivez à les surmonter ?
Alors, pour les défis, il y en a assez. Nous avons ce défi-là, en fait, d’une forte demande. Vous voyez, tout ce que nous faisons, on parle des travaux dirigés, on parle de prix d’excellence, que nous offrons, c’est des choses qui coûtent excessivement cher. Nous n’avons pas encore de partenariat en tant que tel, tout ce que nous faisons pour le moment, c’est des activités sur fonds propres. Et il y a une forte demande, au jour le jour. Les responsables d’établissement nous envoient des demandes, les élus locaux nous contactent pour nous dire qu’ils ont besoin que nous fassions ces genres d’actions chez eux. Ça, c’est le principal défi et les ressources financières sont insuffisantes. Mais c’est aussi une leçon pour nous, c’est un constat qu’il y a beaucoup à faire dans ce domaine-là de l’éducation et c’est aussi en même temps un moyen de faire le plaidoyer à l’endroit des partenaires mais aussi de l’Etat pour dire qu’il y a beaucoup à faire surtout quand on sort de Cotonou, quand on sort des grandes villes. Dans les communautés les plus reculées il y a beaucoup de choses à faire. Vous avez dit qu’il y a des enfants qui ne mangent pas pour aller à l’école, même s’il faut saluer le gouvernement par rapport aux cantines scolaires. Mais les cantines scolaires ne sont pas partout, il y a des localités qui n’en disposent pas. Donc ces défis nous permettent de faire un plaidoyer à l’endroit de nos partenaires et aussi de l’Etat pour dire qu’il y a beaucoup de choses à faire à la base. L’autre défi de façon générale, reste le modèle que nous avons conçu pour intervenir au niveau communautaire, et qui n’est pas encore bien connu. Il est loisible d’entendre dire que ces initiatives que nous menons sont politiques, que vous appartenez à tel ou tel courant politique, c’est pour tel que vous travaillez, parce que c’est notre contexte qui s’y prête. On n’a jamais vu ces genres d’initiatives, où de façon délibérée ou de façon citoyenne, des jeunes gens se lèvent, s’organisent, investissent leur temps, leur image, leurs ressources financières, font le sacrifice énorme pour pouvoir aider leurs compatriotes à travers un creuset. En tout cas, notre initiative est originale et il faudra certainement de temps à la population pour nous comprendre, savoir là où nous allons et nous accompagner.
• Vous voulez dire qu’il n’y a pas des partis politiques derrière vous ?
Nous on n’en connait pas et même s’il y en avait, on serait heureux de collaborer et conjuguer les efforts pour répondre aux besoins de la communauté. Notre Fondation est neutre politiquement et nous sommes prêts et ouverts à travailler avec n’importe qui. Donc vous comprenez aussi que quelqu’un de la politique, qui a des moyens peut encourager cette initiative en nous soutenant financièrement afin de répondre aux besoins sociaux surtout des plus démunis. Pourvu qu’il ne nous demande pas de faire de la propagande, de la politique avec les moyens, nous on est prêt à utiliser ces ressources pour répondre aux besoins des populations. La Fondation est ouverte à tout le monde, soit pour être membre ou et pour faire des dons financiers, en nature.
• Est-ce que vous avez des priorités en ce qui concerne la promotion de l’excellence ?
Des priorités, oui. Nous sommes en train de travailler à avoir en quelque sorte un répertoire des métiers porteurs pour l’avenir. Et pour élaborer ce répertoire, on s’est dit qu’on ne va pas tenir compte des besoins de notre contexte national mais il faut voir aussi dans les pays de la sous-région ce qui se passe. Quel est l’avenir de l’emploi ? Quel est l’avenir des différents corps de métiers ? Et quels sont les besoins dans un court, moyen et long terme ? Quels sont les domaines où on pourrait orienter les apprenants que nous continuons à encadrer ? Autant de questions cruciales qui nous imposent de travailler avec les structures étatiques ou privées et les organisations internationales impliquées. Cependant, chaque membre de la fondation va contribuer aussi, de par son background, de par sa formation académique et son domaine d’intervention. Parmi nous, nous avons beaucoup de médecins, nous avons des ingénieurs, nous avons des architectes, nous avons des gens qui travaillent à la banque, il y a beaucoup parmi nous qui sont à la Banque africaine de développement, certains sont à la Banque Mondiale, il y en a parmi nous qui sont aux Nations-Unies. Des membres travaillant pour l’Etat béninois, d’autres également sont dans le privé, etc. Et nous nous sommes mis ensemble pour créer cette Fondation. C’est cela la richesse et la force que nous constituons ; c’est là toute l’originalité et la beauté de notre initiative.