Accusé de complicité de viols et d’agressions sexuelles sur des centaines de mineures philippines à travers la sollicitation de livestream, un ex-graphiste de Disney de 59 ans a été condamné à 25 ans de prison jeudi 31 octobre.
L’épilogue d’une affaire des plus sordides. La cour d’assises de Paris a condamné jeudi un ex-graphiste de Disney de 59 ans, accusé de complicité de viols et d’agressions sexuelles sur des centaines de fillettes philippines, à vingt-cinq ans de réclusion assortis d’une période de sûreté aux deux tiers.
L’homme a été reconnu coupable de complicité de viols et d’agressions sexuelles sur mineurs en récidive, de complicité de traite d’êtres humains aggravée sur mineurs en récidive et consultation habituelle de contenu pédopornographique en ligne.
La cour a retenu la circonstance aggravante d’actes de torture et de barbarie, mais a relaxé l’accusé sur les faits de détention d’images pédopornographiques «au bénéfice du doute».
Il était reproché à Bouhalem Bouchiba d’avoir, en 2012 et 2021, payé des femmes aux Philippines pour violer et agresser sexuellement des petites filles âgées de 5 à 10 ans seulement. Durant ces agressions qu’il visionnait via une webcam, l’accusé donnait par ailleurs des ordres.
«Je prends conscience de tout ce que j’ai fait. Je demande pardon aux victimes», a déclaré le condamné à l’issue du verdict. «Si audible qu’elle soit, cette décision est aussi une défaite de la pensée, un refus d’obstacle face à la réflexion sur la peine à laquelle doit nous inciter le phénomène du livestream», a réagi Romain Ruiz, l’un de ses avocats.
L’affaire a véritablement éclaté dès 2019 après l’émission d’un signalement par Europol à son encontre. L’agence européenne de police criminelle avait repéré des mouvements financiers suspects vers les Philippines.
Le pays est victime depuis quelques années du phénomène dit des «live streamings». Cette pratique permet la commande par des occidentaux d’abus sexuels, le plus souvent sur des enfants, et diffusé en direct sur Internet.
Arrêté le 4 octobre 2021, Bouhalem Bouchiba avait reconnu les faits, expliquant être consommateur de shows sexuels via webcam mettant en scène des femmes philippines, ainsi que de sites pédopornographiques.
Il avait reconnu être d’abord entré en contact avec ces femmes sur des plates-formes légales de shows sexuels entre adultes avant de migrer vers des messageries privées comme WhatsApp ou Skype, sur lesquelles il sollicitait des violences sexuelles sur des fillettes.
Il avait indiqué aux enquêteurs que la moitié des femmes refusaient, s’indignant de l’illégalité de la pratique, mais que d’autres négociaient les tarifs.
L’enquête avait mis en lumière que le prévenu payait ces «shows» entre 50 et 100 euros et aurait dépensé environ 50.248 euros entre 2012 et 2021. De son côté, il avait déclaré avoir pris contact avec 24 femmes et déboursé 10.000 euros pour approximativement 200 abus sexuels.
L’accusé était déjà inscrit au Fijais, le fichier des délinquants sexuels, après une condamnation pour des faits reconnus d’agression sexuelle sur sa belle-fille, en 2009.
Fallone CHABI-BONI