On peut comprendre que pour les nécessités de l’enquête judiciaire, les prévenus Madougou et Aïvo aient été suivis et gardés comme s’ils étaient des criminels de guerre détenus à Guantanamo.
Mais ça, c’était avant le procès. Aujourd’hui, les carottes sont cuites et ils sont aujourd’hui condamnés. Dès lors, leur séjour carcéral doit répondre au minima des standards connus et arrêtés par les textes internationaux qui régissent l’univers carcéral.
C’est donc triste et très déplorable pour notre pays en pleine révélation au monde, que les geôliers de Madougou et de Aïvo se comportent en Nazis croyant servir l’autorité rupturienne. Pour qui connaît le président Talon et même le ministre Séverin Quenum, ils sont au-dessus de ces considérations bassement criminelles.
Réckya Madougou et Joël Aïvo ne sont pas des criminels de guerre. Et même si c’était le cas, leur situation carcérale a de quoi faire flipper les plus grands criminels de guerre en prison.
Patrice Talon n’est pas le Führer Hitler. Il n’est pas un Nazi pour imposer que ses compatriotes en difficulté avec la loi, soient traités suivant des procédures érigées en dogmes dans les camps de concentration.
D’après les normes internationales, le seul droit dont les prisonniers sont privés est la liberté. Par conséquent, ils peuvent théoriquement jouir de tous les autres. Ils doivent vivre dans des conditions décentes qui préservent leur dignité : être nourris, habillés et logés normalement. Mais ce n’est malheureusement pas le cas pour Réckya Madougou et Joël Aïvo.
Ce n’est pas bien. Pire encore pour l’image de notre démocratie à l’extérieur. Car quoi qu’on dise, la situation de ces deux personnes constitue un des baromètres sur lesquels notre pays sera noté et classé.
Et l’incident d’hier à Missérété entre maître Renaud Agbodjo, le directeur de l’agence pénitentiaire (Dap), le régisseur de la prison et son gardien chef, n’est pas de nature à militer pour le Bénin.
De l’incident, selon nos sources, maître Agbodjo qui s’est refusé de répondre à nos questions, avait oublié dans son sac, un petit téléphone neuf et sans Sim. Il l’a même rappelé à la policière chargée de le palper quand son sac passait au scanner.
Ce qui veut dire qu’il n’y a aucune intention délicieuse à ce niveau puisqu’il n’a pas dissimulé ledit téléphone sur son corps et savait très bien que le scanner est là pour renseigner sur tout ce qui se trouve dans son sac.
À sa grande surprise au sortir de l’audience avec sa cliente, un agent lui demande de le suivre dans un bureau où l’attendaient le directeur de l’agence pénitentiaire entre-temps appelé, le régisseur et le gardien chef.
Et bonjour les attaques. C’est à croire qu’ils avaient un compte personnel à régler avec le conseil de Madougou. Menaces, intimidation, violence verbale, tout le cocktail était au complet pour provoquer l’avocat afin qu’il soit tenté de lever la main sur les autorités ou de placer un mot grave.
Mais comme l’avocat sait qu’il a tout le temps été objet de provocations, il s’est maîtrisé. Le but de la manœuvre étant de lui faire perdre son sang-froid pour qu’il pose un acte. Heureusement que le praticien du droit a compris que cet aboiement injustifié ne visait qu’à le sortir de sa maîtrise pour avoir des raisons de priver davantage la prisonnière du minimum dans lequel on l’a mise exprès pour la pousser au suicide.
Mais ce que ces cadres oublient, c’est l’historique des relations fraternelles entre les Madougou, feu Madougou père et le président Talon. Peut-être que le président garde une certaine neutralité à ce jour, mais il finira par craquer en voyant le montage dans lequel on n’a mis sa compatriote et fille.
À supposer même que ce soit des ordres, il faut faire très attention. Réckya Madougou ne mourra pas en prison. Elle a été ministre de la justice comme Séverin Quenum et la roue tourne.
Faisons donc très attention. Nous ferons dans les heures à suivre, une requête à l’endroit du procureur spécial de la Criet pour un reportage sur la vie de certains détenus à Missérété.