Le peuple s’est exprimé au Sénégal et l’opposition a facilement remporté la présidentielle contre le parti au pouvoir. Mais la question que l’euphorie de la victoire empêche tout le monde de se poser, est de savoir si ce scénario a bien pu être possible sans l’appui du président sortant, Macky Sall.
En réalité, il n’a pas été possible sans l’aide et les calculs minutieux du président sénégalais.
Qui a initié la loi d’amnistie votée au parlement le 06 mars, au profit des leaders de l’opposition ? Ousmane Sonko étant inéligible en débit de cette loi d’amnistie, qu’est ce qui empêchait Macky Sall de ne pas la faire bénéficier à son champion, Bassirou Diomaye Faye ?
Tout porte à croire que c’est dans le souci de pacifier le pays contre zéro poursuite contre sa personne, sa famille et certains de ses proches, que Macky Sall a choisi d’aider l’opposition à réussir son coup.
N’oublions pas que c’est le président sortant qui, ayant déjà merdé en imposant son premier ministre, s’est racheté en n’apportant aucun soutien important à « son » candidat, Amadou Ba.
Ce n’est pas non plus pour rien que les élections se sont passées sans incidents majeurs dans un pays qui présentait tous les indicateurs pour exploser.
Macky Sall a bien voulu aider à pacifier le pays en privant sa mouvance d’une continuité dans un contexte où la soif du peuple sénégalais pour une alternance, n’était plus à négocier.
Si c’est la condition pour pacifier un pays, qu’est ce qui dit que cette dynamique ne va pas effleurer l’esprit du président Patrice Talon ?
À partir du moment où le président Talon peut compter sur un Démocrate qui ne soit sous l’emprise maladive du président Boni Yayi de se venger coûte que coûte de lui, le deal pourrait être envisagé.
En dehors des arrestations, de l’exil de certains de nos compatriotes, le président Talon ne compte pas si tant d’ennemis au sein du peuple. Et la continuité pourrait aussi sonner comme un défi contre la volonté de l’immense majorité des Béninois de vivre une bonne alternance.
Tout est possible en politique déjà qu’il n’y a pas d’ennemis définitifs. Les adversaires d’aujourd’hui par le miracle du temps et des circonstances du moment, pourraient devenir de très bons amis et partenaires.
Laissons donc le temps au temps.
Aboubakar TAKOU