*La CPI accusée de « justice sélective »
Dans un communiqué conjoint rendu public ce lundi, les trois pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES) – le Burkina Faso, le Mali et le Niger – ont annoncé leur retrait immédiat du Statut de Rome, fondement de la Cour pénale internationale (CPI). Une décision souveraine justifiée par des accusations sévères de « justice sélective » et de complicité avec « l’impérialisme ».
Une décision concertée et immédiate
Les trois États, ayant respectivement ratifié le Statut de Rome entre 2000 et 2004, ont longtemps coopéré avec la Cour basée à La Haye. Cependant, après plus de deux décennies, leur constat est sans appel. Selon le communiqué, la CPI s’est transformée en un « instrument de répression néocolonial aux mains de l’impérialisme », illustrant une « justice sélective » à l’échelle mondiale.
Les gouvernements de l’AES reprochent à l’institution son « mutisme inexplicable, déroutant et complaisant » face à des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et crimes d’agression avérés. Dans le même temps, la Cour « s’acharne contre certains acteurs » qui ne bénéficieraient pas, selon eux, d’une « impunité internationalisée ».
Affirmation de souveraineté et recours à des mécanismes endogènes
Cette décision radicale s’inscrit dans la ligne droite de la politique d’affirmation souveraine menée par les juntes au pouvoir dans ces trois pays. L’AES affirme sa volonté de développer ses propres « mécanismes endogènes pour la consolidation de la paix et de la Justice ». Les États membres réaffirment néanmoins leur engagement à promouvoir les droits de l’Homme, en accord avec leurs « valeurs sociétales », et à lutter contre « toute forme d’impunité ».
Le communiqué, signé par le Général d’Armée Assimi Goïta, Président de la Transition du Mali et Président en exercice de l’AES, assure que la coopération se poursuivra dans « d’autres cadres appropriés » pour la protection des droits humains, tout en exigeant le « respect de la souveraineté des États ».
Une lourde symbolique pour la justice internationale
Ce retrait collectif représente un nouveau coup dur pour la crédibilité de la CPI, souvent critiquée pour son focus perçu sur le continent africain. Il intervient dans un contexte sécuritaire et politique extrêmement tendu au Sahel, marqué par une rupture des alliances historiques avec la France et l’Occident et un rapprochement avec des partenaires comme la Russie.
La communauté internationale, et notamment l’Union africaine, observe avec une attention particulière les conséquences de cette décision sur le paysage judiciaire régional et sur la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves.





