Face aux nombreux signalements d’abus dans les centres de santé, le gouvernement béninois a jugé utile et nécessaire de mettre à la disposition des usagers un numéro vert, le 01 91 44 44 44. Selon le ministre de la Santé, l’objectif de cette mesure est de renforcer la transparence et d’améliorer la qualité des services offerts à la population.
Désormais, tout citoyen victime ou témoin d’abus, de mauvais traitements ou de comportements inappropriés dans une structure sanitaire peut alerter les autorités via ce numéro. Si l’idée de responsabiliser le personnel médical et de protéger les droits des patients est salutaire, cette mesure à elle seule ne suffira pas à atteindre cet objectif.
En effet, au-delà des traitements inhumains parfois infligés par certains agents, la surfacturation des soins constitue l’une des principales difficultés rencontrées par les usagers. Abusant de l’ignorance des patients, des agents peu scrupuleux s’enrichissent à leurs dépens. Dans les localités reculées de l’intérieur du pays, souvent en complicité avec les responsables de leurs centres, les agents de caisse au niveau des pharmacies vont jusqu’à doubler les coûts des traitements.
Pour régler durablement ce problème, le gouvernement doit imposer aux responsables des centres de santé l’affichage obligatoire du répertoire des prix dans des endroits bien visibles. Il serait également pertinent que le prix de chaque produit soit mentionné sur les ordonnances et que le détail des sommes soit indiqué sur les quittances.
La digitalisation de l’administration étant devenue un axe majeur de performance sous le régime Talon, il serait judicieux de développer un outil permettant aux usagers de connaître à l’avance le coût des produits et services dans chaque zone sanitaire, à défaut d’une uniformisation totale des prix.
Sans ces mesures complémentaires, les populations continueront de souffrir au sein des centres de santé et ne percevront jamais l’utilité de tirer la sonnette d’alarme, malgré l’existence d’une ligne verte.
Laurent YOVO



