*Le Mef et la Présidence ont planché devant la commission
La Commission budgétaire de l’Assemblée nationale a entamé, jeudi 20 novembre au Palais des Gouverneurs, l’examen minutieux du Projet de loi de finances (PLF) pour la gestion 2026. Présenté par une délégation du Ministère de l’Économie et des Finances conduite par Hermann Orou Takou, Directeur de cabinet du ministre Romuald Wadagni, ce budget ambitieux s’élève à 3 783,984 milliards de FCFA, en hausse de 6,6% par rapport à 2025.
Un budget expansionniste dans un contexte mondial tendu
Ce projet de loi, qui s’équilibre en ressources et en charges, prévoit une augmentation de 232,979 milliards de FCFA. Malgré un environnement international marqué par les « tensions géopolitiques » – la guerre en Ukraine, le conflit au Moyen-Orient et la flambée des tarifs douaniers américains – et des défis régionaux comme l’insécurité au Sahel, le gouvernement table sur une croissance soutenue par la demande intérieure et des secteurs comme le transport, le tourisme et le BTP.
Le déficit budgétaire devrait se resserrer à 2,7% du PIB en 2026, contre 2,9% anticipé pour fin 2025, signe d’une volonté de maîtrise des finances publiques.
Une exécution 2025 « très satisfaisante »
En préambule, la délégation a fait état d’une exécution « très satisfaisante » du budget 2025. À fin septembre, 73,6% des ressources prévues (2 613,2 milliards FCFA sur 3 551,0 milliards) avaient été mobilisées, avec un taux de réalisation attendu à 99,7% à la fin de l’année. Les dépenses budgétaires suivent la même trajectoire, avec 2 046,7 milliards FCFA consommés à fin septembre, et une prévision de 2 766,8 milliards (taux de 99,7%) en décembre.
Les trois piliers de la politique budgétaire 2026
Pour l’année à venir, le gouvernement a défini trois orientations majeures :
- Consolider les leviers de la croissance économique et du social.
- Affirmer le Bénin comme un « modèle de bonne gouvernance budgétaire ».
- Gérer de manière proactive la dette publique.
Stabilité fiscale et poursuite des réformes
Aucune augmentation des taux d’imposition existants n’est prévue. La stratégie de recettes repose sur l’amélioration continue du rendement fiscal, visant une hausse de 0,5 point du taux de contribution fiscale. Elle sera portée par la digitalisation, la lutte contre la fraude, la maîtrise de la fiscalité du e-commerce et le renforcement des mesures incitatives pour les secteurs stratégiques.
Plusieurs mesures d’allégement ont été annoncées, notamment des dispenses de pénalités pour les retardataires de la taxe foncière et pour les nouveaux contribuables se regularisant spontanément. Des exonérations sont également prévues sur l’importation de véhicules neufs, d’aéronefs, d’équipements pour les PME et de matériaux pour les stations-service.
Social et investissements publics au cœur des priorités
Le budget 2026 fait la part belle aux dépenses sociales et d’équipement. Les programmes sociaux existants (GBESSOKE, Assurance maladie obligatoire, microcrédits, programme alimentaire scolaire) sont « reconducts et renforcés ».
Les dépenses d’investissement connaîtront une hausse considérable de 19,9% par rapport à 2025, afin d’accélérer et d’achever les projets en cours. Les principales priorités sectorielles sont :
· Éducation : Gratuité des frais de scolarité à la maternelle, au primaire et pour les filles au secondaire ; fourniture de manuels scolaires ; construction d’infrastructures ; deux repas chauds par jour pour plus d’un million d’enfants ; développement des lycées techniques et des universités thématiques (Sèmè City).
· Santé : Opérationnalisation du Centre hospitalier international de Calavi (CHIC) et des hôpitaux de zone ; construction du Centre de psychiatrie d’Allada (CHUP) ; création de pôles d’excellence ; densification des programmes de vaccination et de lutte contre le paludisme ; mise en œuvre du programme de supplémentation nutritionnelle « 1000 jours ».
· Agriculture & Eau : Développement de filières (anacarde, ananas, soja…) ; accès subventionné aux machines agricoles et aux intrants ; promotion d’un élevage sédentaire ; construction de systèmes d’eau potable en milieu rural et urbain.
· Infrastructures & Énergie : Poursuite de l’asphaltage dans les grandes villes ; assainissement pluvial à Cotonou ; modernisation de la gestion des déchets ; protection de la zone côtière ; entretien des pistes rurales ; autonomie énergétique.
En marge du PLF général, les projets de budget de la Présidence de la République et du Ministère de l’Économie et des Finances ont également été présentés lors de cette première journée d’auditions à huis clos.
Le Projet de loi de finances 2026 dessine les contours d’une année budgétaire volontariste. Le gouvernement mise sur une croissance robuste et une amélioration des recettes pour financer une ambitieuse politique sociale et un puissant effort d’investissement, tout en maintenant le cap de la discipline fiscale et de la consolidation budgétaire, malgré les vents contraires venus de l’international.



