(Il y a une erreur de syntaxe qui peut être utilisée à tout moment pour un troisième mandat)
Le passé est souvent têtu. Il revient toujours quand on n’y prend pas toutes les dispositions.
C’est dans ce même pays que l’opposition par son agitation, et sa haine partisane de mettre le président Talon en difficulté, avait, de manière inintelligente empêcher le vote de la première tentative de révision de la constitution par Talon. Or cette proposition rejetée avait spécifiquement bétonné les cinq ans non renouvelables en plus de plusieurs autres chantiers de développement. Malheureusement pour certains et heureusement pour le président Talon, les responsables de l’opposition, Yayi, Avon et autres, avaient réussi à bloquer le passage. Avec le recul, le peuple a maintenant compris ce que le rejet de ce vote par les députés, a causé. Tout le monde aura compris le prix de la précipitation et des conclusions hâtives. Car, dans sa nouvelle version, le président Talon n’a plus verrouillé le mandat unique et a préféré couler le béton autour des deux mandats.
Sans peut-être le vouloir, il s’est glissé dès lors, une erreur de syntaxe au niveau de la question des deux mandats irrévocables. Une erreur que des vicieux pourront utiliser à tout moment pour prolonger leur séjour au pouvoir.
L’alinéa 2 de l’article 42 prête vraiment à confusion. Il dit ceci : « En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels. » Les gastronomes des belles lettres vous diront que ce groupe de mots dit clairement qu’on peut bien faire plus de deux mandats présidentiels. Ils s’appuieront sur la syntaxe de la double négation qui introduit l’affirmation. Ce que personne ne pourra contester au moment opportun. Le président Yayi sait très bien pour cette astuce qu’il pourra utiliser à tout moment si les choses restent en l’état. Malheureusement pour lui que les autres dispositions relatives à l’âge maximal le bloquent. Ce qui n’est pas le cas du président Talon dont les acrobates des questions juridiques n’attendent que sa volonté pour introduire un recours visant à statuer sur cette possibilité de l’exploitation littéraire de cet alinéa de l’article 42 de notre constitution.
Et c’est à juste titre que le président du groupe parlementaire Br, Asan SEIBOU, dans sa proposition a remis les verrous à l’endroit en réécrivant totalement cet alinéa par un changement radical du début de la phrase. Il met: « Dans tous les cas, nul ne peut, de sa vie, exercer plus de deux mandats de président de la république « .
S’il y en a qui sont septiques à une éventuelle manipulation dans cette révision dont le Bloc républicain a pris le lead, il fallait juste accepter de réviser tout en insistant dans les couloirs de son parcours à l’Assemblée à y ajouter une autre disposition pour verrouiller davantage la question de l’irrévocabilité des deux mandats dans une vie de président au Bénin. Puis dans la même veine, corser qu’il n’y aura pas de nouvelle république, dès lors que les fondamentaux ont été décidés intouchables.
Voilà ce que devrait être l’intelligence politique. Mais l’émotion et le suivisme des membres de l’opposition risquent de ramener bien maquillé un nouveau Patrice Talon profitant dans les règles de l’art, de cette erreur de syntaxe gardée dans la formulation depuis des années comme dans un frigo.
Soyons moins émotifs et plus intelligents. À la fin, le Br pourrait être reconnu comme prophète.
Aboubacar TAKOU