Le président Patrice Talon, aussi coriace qu’il paraisse, a une grande faiblesse. Il est tellement fidèle en amitié, si attachant derrière son apparence de monstre froid sans cœur, qu’il a du mal à se séparer de ses collaborateurs.
C’est ce qui explique le fait qu’il remanie très peu son gouvernement ou, quand il le fait, c’est très partiellement.
Mais il vient de comprendre, dans les récents événements qui ont caractérisé sa gestion du pays, ses difficultés dans la position de la CEDEAO contre la junte au pouvoir au Niger, son ambition de bien finir son mandat, qu’il ne pouvait plus compter sur tout le monde. Patrice Talon a compris que le Béninois est froid, insensible et pas certainement reconnaissant.
Du coup, il lui faudra maintenant compter au-delà de la compétence, sur deux autres qualités qu’il faudra avoir pour faire partie de son entourage immédiat, en l’occurrence le gouvernement. La fidélité à toute épreuve et la reconnaissance font dorénavant partie des critères qui entreront en ligne de compte dans la grille des qualités que les appelés au gouvernement devront avoir pour figurer sur la liste.
Il est ainsi annoncé, pour la première fois sous l’ère de la Rupture, un véritable remaniement ministériel à au moins 85 %. Ces nouveaux élus auront non seulement la mission de finir les derniers chantiers du dernier quinquennat du président, mais auront aussi la charge de la discipline d’aider Patrice Talon à réussir l’épreuve de se faire remplacer par un homme qui pourra poursuivre l’œuvre du redressement économique qu’il a commencée et porter les défenses de sa sécurité et celle de sa famille. C’est l’équation qui hante toujours 10 ans de gestion sur fond de réformes structurelles destinées à mettre les compatriotes au travail tout en les éloignant de leurs travers.
Il faut donc pour le président Talon de vrais Béninois sous toutes les coutures. Des noms insoupçonnables sont annoncés pour entrer dans ce nouveau gouvernement.
Aboubakar TAKOU