(Ou bien est-ce que c’est le patriarche lui-même qui veut les voir couler ?)
À deux ans et demi des élections générales, les vrais jeux politiques devraient déjà être à l’honneur.
Pendant que l’opposition elle-même cafouille et peine à se choisir un candidat qui reçoive la bénédiction de Yayi en même temps que toute la famille des déçus de la Rupture, l’écurie du président sortant, Patrice Talon devrait, elle, profiter du vide pour se faire des chances. Car il lui faudra assez de chances pour traîner ce lourd héritage de deux mandats présidentiels sans bonheur pour le volet social. Les arrestations, les exils et les autres formes de menaces sur la quiétude des Béninois, sont autant de griefs desquels devront se libérer chaque candidat se réclamant de la Rupture.
Ajoutés au fait que tous les Béninois pensent que l’actuel président s’est fait son beurre sur le dos asséché de ses compatriotes, il faudra un peu plus que les routes, les monuments et les réformes pour polir le visage des héritiers au trône de Patrice Talon. Aussi s’impose-t-il à eux de récupérer la seule aubaine qui pointe à l’horizon : avoir son mot dans la libération de tous les prisonniers et de marquer son territoire dans le retour des exilés. Car même si le président de la république se refuse à libérer les prisonniers par crainte de renforcer le discours de l’opposition parlementaire, il est une évidence que cela sonne comme un moindre mal que de rester dans le statu quo jusqu’à ces élections générales. Personne ne votera un candidat de Talon qui n’aura pas abordé ce sujet maintenant. La realpolitik veut aujourd’hui que des voix s’élèvent dans le camp de la mouvance pour réclamer au président de la république de faire quelque chose dans ce sens. Car garder le silence pour plaire au président n’a rien de productif pour fabriquer un vote. C’est même à l’aune de ce préalable que les éventuels candidats du camp Talon seront jugés ou bouffés. Trêve donc d’hypocrisie qui consiste à caresser le chef dans le sens du poil dans un dossier qui appelle la détermination de chaque prétendant au fauteuil à rassurer qu’il va gérer autrement dans une relative continuité.
À vos marques messieurs les candidats !
Aboubakar TAKOU