(Une tribune dans un journal sud-africain relance le débat sur son rôle après des années de retrait)
Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC, 2001-2019), a rompu cinq années de silence en publiant une tribune dans le Sunday Times sud-africain ce dimanche 23 février 2024. Un retour médiatisé qui intervient dans un contexte de crise persistante dans l’Est du pays, où les tensions sécuritaires et politiques s’exacerbent.
Dans cette tribune relayée par RFI, l’ex-chef d’État conteste la priorité accordée aux solutions militaires pour résoudre le conflit dans l’Est : « La fin des violences ne viendra pas des armes. Les racines de cette crise sont politiques, sociales et institutionnelles. »
Il réagit ainsi au déploiement, en 2023, des troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), mandatées pour contrer le Mouvement du 23 mars (M23), groupe armé soutenu par le Rwanda selon l’ONU. Ces soldats sont toujours stationnés à Goma, ville stratégique de l’Est où le M23 s’est implanté fin janvier 2024.
Joseph Kabila impute l’aggravation de la crise à la « rupture du processus politique de 2021 », lorsque le président Félix Tshisekedi a marginalisé ses alliés. Un proche de l’ancien dirigeant, sous anonymat, précise : « Ses revendications restent floues, mais cette tribune est un signal : il entend peser à nouveau sur l’avenir du pays. »
Installé en Afrique australe depuis son départ en 2019, Kabila avait jusqu’ici évité les prises de parole publiques. Son intervention relance les spéculations :
- Ambitions électorales en 2027 ? La Constitution lui interdit un troisième mandat, mais ses partisans évoquent une révision.
- Médiation régionale ? Certains analystes y voient une tentative de s’imposer comme acteur clé dans un contexte de fragilité du pouvoir actuel.
« Son timing n’est pas anodin », souligne un diplomate européen. « Tshisekedi est affaibli par les défaites militaires. Kabila joue sur les divisions pour revenir en grâce. »
Fallone CHABI-BONI
