(Ce sera un saut de 20 mille pieds sans parachute)
À chaque époque sa folie et sa démonstration. C’est de notoriété publique que le président Talon est un homme à qui tout réussit. Il est le seul qui a réussi à se faire élire président alors qu’il a tout goupillé en exil pendant que l’ancien président Boni Yayi avait les manettes du pouvoir dans les mains.
Élu, il est l’homme qui a su contenir les velléités politiques des acteurs de la classe politique béninoise pour en faire ce qu’il veut. Il a le mérite de réussir toutes ses réformes allant jusqu’à faire du possible l’impossible. C’est le Babadjè. L’incroyable.
Normal donc qu’après avoir envoyé les vétérans comme Bruno Amoussou, Mathurin Nago et les autres à la retraite parlementaire, il lui plaît de profiter de ces législatives de 2023 pour formaliser son rêve de limiter la longévité de certains parlementaires béninois.
Mais à chaque situation ses réalités. Contrairement aux législatives de 2019 où l’opposition avait brillé par son absence laissant la difficulté aux électeurs de n’avoir autre choix que de voter une seule liste ou deux listes de la même maison, les législatives de 2023 présentent un autre visage.
Il y a la crème de l’opposition à cette fête électorale qui permettra à l’électeur béninois d’avoir à choisir entre le parfum de Talon et son pur contraire. Dans un tel schéma, ce n’est plus un jeu de nomination de députés. Nous serons dans le cadre d’une élection réelle où la Rupture part éclopée par des contingences bien indépendantes d’elle telles que la cherté de la vie, la sensation de voir la hache des impôts charcuter le pouvoir d’achat des Béninois, la présence dans les liens de la justice de plusieurs Béninois se réclamant de l’opposition radicale. Bref tout ce dont l’opposition a besoin pour voler avec l’avantage du vent, droit vers le siège du parlement à Porto-Novo.
Dans ces conditions, il est difficile voire même impossible de fabriquer au détriment des dinosaures habitués aux jeux des élections, de nouvelles têtes furent-elles jeunes. Ce sera un peu suicidaire qu’on décide aujourd’hui de l’élevage de jeunes chiens pour une partie de chasse qui aura lieu dans quelques mois.
Les conseillers du chef de la mouvance devraient jouer leur rôle en lui chuchotant dans les oreilles la recette utile. Ce qui attend la mouvance à ces élections du 08 janvier n’a rien d’une partie gagnée d’avance. Ce sera un challenge des durs et seuls les plus durs pourront imposer leur jeu.
Il faut que le président accepte d’aligner ces anciens plus aptes à cette compétition dont ils ont une parfaite maîtrise de l’enjeu. Les autres peuvent attendre. C’est aussi cela la realpolitik.
Aboubakar Takou