« L’inexpérience des jeunes que l’on considère souvent comme un handicap, peut se révéler parfois comme un redoutable atout car le jeune est libéré de certaines entraves dues à ce que ses aînés ont vécu et dont ils ont retenu des interdits qui les paralysent. »
A dit l’opposant et membre du part Les Démocrates Eugène AZATASSOU dans une tribune. Même si le politique est critique il n’est pas du tout contre ce retour de ces 26 œuvres des trésors royaux du Bénin puisqu’il en tire des leçons pour la postérité. Toute chose qui prouve qu’au-delà des critiques politiciennes, la démarche du gouvernement Talon est appréciée et bonne. Car la restitution de ces 26 œuvres des trésors royaux du Bénin permet aussi aux autres pays africains de suivre la même démarche pour le retour de leur patrimoine.
BÉNIN/RETOUR AU BÉNIN DES OBJETS D’ART DE LA FRANCE : AU-DELÀ DU TINTAMARRE ORCHESTRÉ PAR LA RUPTURE, LES DEUX IMPORTANTES LEÇONS QUI EN RESSORTENT
(Une opinion de Eugène AZATASSOU)
Dans quelques jours, certaines reliques ayant appartenu aux rois du Danxomè vont retourner dans le patrimoine national. C’est un évènement d’une grande importance et une très bonne nouvelle pour la culture béninoise. Je ne m’arrêterai pas ici sur les questions de paternité. Je sais que plusieurs personnalités s’en sont occupées. C’est maintenant que cela est arrivé à maturité et il faut s’en réjouir. Toutefois, pour tirer de bonnes leçons d’un tel évènement historique, il faut être serein par rapport à l’actuel tintamarre orchestré par la mouvance au pouvoir qui est à la recherche effrénée de résultats positifs d’un PAG qui détruit tout sur son passage dans la vie politique, économique et sociale de notre pays. On doit passer outre les louanges dithyrambiques qui fusent de toutes parts pour le Président de la République du Bénin comme si la diplomatie mise en œuvre depuis 2016 était capable, toute seule, d’atteindre un tel résultat.
Lorsqu’on observe le contexte de la libération de ces 26 objets d’art, le premier élément qui frappe est que la jeunesse africaine (surtout en Afrique francophone) est debout contre l’exploitation néocoloniale de l’Afrique par la France. Certains intellectuels africains sont aussi entrés dans le même combat. Les instruments de la domination française subissent des attaques en règle. Il s’agit du franc CFA, de la langue et de la présence militaire française dans certains pays. Dans une telle situation le pouvoir français ne peut que poser des actes pour récupérer la situation à son profit ou pour entrer dans l’estime des peuples africains et de la jeunesse africaine. C’est ainsi que peut s’expliquer la récupération de l’Eco CEDEAO pour en faire un franc CFA avec un autre nom et quelques petits aménagements. Toute proportion gardée, la même technique avait été utilisée par le colonisateur pour régler le problème des indépendances des années 60. La forme du dernier sommet France-Afrique peut aussi être considérée comme une opération de charme en direction de l’opinion africaine. La façon dont le Président Emmanuel Macron lui-même s’investit dans la question du rapatriement des joyaux de la culture béninoise montre bien que l’on peut classer cet évènement dans la catégorie des opérations de charme en direction des peuples d’Afrique. Le retour des reliques de nos rois dans le patrimoine national est un résultat collatéral du combat des peuples africains pour se libérer du néocolonialisme. Nous ne pouvons pas traiter ce sujet sans ajouter que le combat contre le néocolonialisme ne peut être efficace si on ne lui associe la réflexion et l’action à mener pour le développement et la grandeur de l’Afrique dans le concert des nations. J’ai abordé cet aspect du problème dans un texte intitulé « QUELLE VOIE POUR LE DÉVELOPPEMENT DU BÉNIN ? » que j’ai achevé d’écrire en décembre 2019 et que j’ai publié par séquences sur un forum du parti « Les Démocrates » en 2020.
La première leçon, à tirer de l’évènement que constitue le retour au pays de ces objets culturels, est celle-ci : on doit se battre pour ses idées avec détermination. Si on n’atteint pas les objectifs escomptés tout de suite, on peut obtenir des résultats intermédiaires, parfois inattendus, mais qu’il faut savoir reconnaitre et capitaliser pour avancer.
Le second élément du contexte de la restitution de ces biens est l’arrivée au pouvoir en France de Monsieur Emmanuel Macron. Le Président de la République française est très jeune et n’a pas subi les évènements de la décolonisation il est moins attaché à certains aspects que ceux qui sont plus âgés et qui, même s’ils n’ont pas été des acteurs directs, ont subi toute la propagande et tout le battage idéologique entourant ces évènements. Cette propagande peut formater d’une certaine façon l’esprit et empêcher d’avoir des réactions de progrès. Parce qu’il est très jeune, le Président Macron est plus à même que d’autres, comme Jacques Chirac par exemple, de laisser ces objets d’art aller dans leur destination surtout si d’autres conditions l’y conduisent.
La seconde leçon est qu’il faut faire confiance à la jeunesse. L’inexpérience des jeunes que l’on considère souvent comme un handicap, peut se révéler parfois comme un redoutable atout car le jeune est libéré de certaines entraves dues à ce que ses aînés ont vécu et dont ils ont retenu des interdits qui les paralysent.
Eugène AZATASSOU
Taneka media n°0041 du 03 Novembre 2021