Du mercredi 24 au dimanche 28 juillet 2024, cinq jours durant, les filles et fils de la collectivité Esho Olikoyi de Kétou et d’ailleurs se retrouveront pour célébrer leurs aïeux. C’est à travers une grande fête de retrouvailles qui sera marquée par plusieurs activités culturelles et cultuelles. Pour en savoir plus sur ce rendez-vous qui en est à sa 1ère édition, nous avons réalisé pour vous un entretien avec Athanase ALLAYE, historien, fils de la collectivité Esho Olikoyi de Kétou, et coordonnateur de cette fête de retrouvailles. Il partage avec nous quelques brides de l’histoire de la collectivité Ashêlêkê en terre kétoise.
Selon Allaye Athanase, l’histoire de la collectivité Ashêlêkê en terre kétoise remonte à l’immigration de leurs ancêtres qui sont partis d’Ilé-Ifê, ville yoruba située dans l’actuelle République du Nigeria. Ils voyagèrent jusqu’à Ketu en compagnie d’autres où ils fondèrent le royaume aux environs du XIIè siècle. Pour le roi qu’ils accompagnèrent, ils confectionnent les symboles et insignes royaux dont Adé oba : couronne royale sertie de perles d’où l’appellation Ashêlêkê Fun Oba. Ce qui veut dire tresseurs de couronne sertie de perles au roi.
Par ailleurs, cette collectivité doit son panégyrique ESHO IKOYI à la fonction de guerrier et de sécurité qu’exerçaient ses ancêtres dans les royautés yoruba, en particulier à Ketu, Ilé-Ifê, Oyo et Savè. Ainsi, les aïeux de la collectivité Esho Ikoyi furent de grands guerriers surtout au cours des guerres civiles qui ont ravagé le pays yoruba tout au long du XIXè siècle. Ils prirent également la défense de Ketu contre les attaques du Danxomè, royaume voisin, en 1883 et 1886.
Collectivité ESHO IKOYI : Un maillon sûr pour le développement du royaume.
Pour sauver leur ville du dépeuplement, les Eshø consentirent de nombreux sacrifices tant physiques, matériels qu’humains. En effet, sous le règne de Oba ADEBIA Alamou, 42è roi de Ketu (1816-1853), un mauvais sort frappa la ville. Les animaux sauvages, les épidémies et autres invasions d’insectes y sévirent et faillirent pousser les habitants à la déserter. La consultation de l’oracle Ifâ prescrit le sacrifice humain d’un autochtone pour conjurer le mauvais sort. Mû par l’ardent désir de sauver sa terre natale de la dislocation, un des Eshø du nom de ESSABA offrit l’un de ses fils jumeaux à la ville en guise d’holocauste. Cela lui a valu d’occuper la fonction de premier ministre du roi ; portefeuille qui n’existait pas dans le gouvernement du royaume à l’époque. ESSABA fut un héros non seulement pour sa collectivité Ashèlèkè, mais aussi pour tout le royaume de Ketu.
Par ailleurs, certains des ancêtres Eshø se sont encore illustrés, selon Athanase ALLAYE, dans la défense de Kétou au cours des guerres que lui a livrées l’Etat voisin de l’Ouest. Il s’agit de Idohou Arokoro, un brave guerrier et d’une brave femme appelée Iya AN’GBA.
On ne saurait parler des Eshø et oublier papa ADELAKOU Alexandre. Au cours du règne des rois Adewori Adegbite (1937-1963) et AdeToutou ADIRO (1964-2002), papa ADELAKOU Alexandre était au premier rang comme éminence grise du palais.
Parlant des Eshø Olikoyi de Kétou, on note également selon Athanase Allayé les ancêtres et anciens ministres au palais royal tels que : IROKO Egbebi et ADJIBADE Fadounsi. Parmi ces anciens, il y en a un qui est encore vivant. Il s’agit de papa ALLAYE IKO Antonin avec son titre de ministre au palais royal « Oloyé ATENI OLOU, » où il est le chargé du protocole du roi.
Au-delà de Kétou, les Eshø se sont fait remarquer à Oyo et à Savè. Dans le royaume de Savè, ils exercent la fonction de tambourinaire pour le roi. Ils sont regroupés sous l’appellation famille (idilé) OHUNLADO. Ce sont eux qui annoncent la sortie et la présence du roi par les tam-tams. On peut aussi retrouver les Eshø Ikoyi Ashèlèkè à Cotonou (Sikekodji), à Zinvié, et en pays Adja notamment à Lalo précisément au quartier Ayegbami. Au Nigéria, les Eshø Ikoyi Ashèlèkè sont à Lagos, Idofa, Imèko, Ilara, Ilaro, Abeokuta, ajoute le fils de la collectivité, coordonnateur de cette fête de retrouvailles.
Cette fête de retrouvailles constitue pour eux l’occasion de mieux raffermir leurs relations et de rendre à leurs ascendants les hommages qu’ils méritent.
Entretien réalisé par Ernest F. LATOUNDJI (Journaliste)