Depuis 2018, le gouvernement rwandais a fermé plus de 10 000 églises évangéliques dans le pays. Cette décision fait suite à une loi visant à mieux encadrer les lieux de culte. Les autorités ciblent surtout les églises qui ne respectent pas les règles de sécurité, de santé ou de gestion financière.
La loi impose plusieurs obligations. Les pasteurs doivent avoir une formation théologique reconnue. Les églises doivent présenter chaque année un plan d’activités conforme aux « valeurs nationales ». Les dons des fidèles doivent aussi passer par des comptes bancaires officiels. Selon le gouvernement, ces règles servent à éviter les abus, comme les fraudes, les bâtiments dangereux ou le blanchiment d’argent.
Le président Paul Kagame soutient fermement cette politique. Il critique la multiplication des églises et estime qu’elles contribuent peu au développement du pays. En novembre dernier, il a déclaré qu’il ne rouvrirait aucune église si cela ne dépendait que de lui. Il a aussi accusé certaines d’entre elles de voler l’argent des fidèles ou d’abriter des activités criminelles.
Ces fermetures ont un impact important sur la population. D’après un recensement de 2024, la majorité des Rwandais sont chrétiens. Beaucoup doivent désormais parcourir de longues distances pour prier. Pour certains responsables religieux, la loi pénalise surtout les nouvelles églises évangéliques. Le pasteur Sam Rugira, dont deux églises ont été fermées pour des raisons de sécurité, estime que ces règles touchent en priorité les structures récentes et modestes.
Paul Kagame voit aussi l’église comme un héritage de la période coloniale. Il affirme que les Rwandais ont été influencés par les colonisateurs. Des chercheurs rappellent également que la question religieuse reste sensible depuis le génocide de 1994 contre les Tutsis, qui a fait environ 800 000 morts. Selon Ismael Buchanan, enseignant à l’Université nationale du Rwanda, la religion a aidé à reconstruire le pays, mais elle peut aussi poser des problèmes. « Il est absurde d’avoir une église tous les deux kilomètres au lieu d’hôpitaux et d’écoles », explique-t-il.
Fallone CHABI-BONI



