(Quand l’Onu s’invite, il vaut mieux éviter le pire)
Notre petit jeu politico-judiciaire de la condamnation de l’opposante Reckya Madougou à 20 ans de réclusion criminelle commence par échapper au Bénin pour devenir une affaire des Nations Unies. Les avocats béninois et français de la prisonnière de la Rupture avaient entre autre mode de défense, saisi plusieurs instances internationales dont le fameux groupe de travail sur les détentions arbitraires de l’Onu. Cet organisme onusien vient de rendre le 2 novembre dernier un avis qui sonne comme une injonction sans appel au gouvernement du président Talon de libérer immédiatement l’opposante condamnée à 20 ans.
De cet numéro 51/2022 adopté à la session du 29 août au 02 septembre 2022, le Groupe de travail sur les détentions arbitraires de l’Onu demande:
1- La libération immédiate et sans condition de Reckya MADOUGOU à travers des mesures urgentes que doit prendre le gouvernement béninois ;
2- Le droit pour Reckya MADOUGOU d’obtenir réparation sous la forme d’une indemnisation à la charge du gouvernement béninois ;
3- L’ouverture par le gouvernement béninois d’une enquête approfondie et indépendante sur les circonstances de la privation arbitraire de la liberté de Reckya MADOUGOU ;
Il faut noter que l’Onu a admis que les trois cas de détention arbitraire sont réunis dans la situation de l’ancienne ministre de Boni Yayi :
-1er cas: détention arbitraire en violation de la loi : Le mandat d’amener délivré par le procureur spécial de la CRIET a été déclaré illégal et ensuite Reckya MADOUGOU a été poursuivie et condamnée en dépit d’une loi d’amnistie.
-2ème catégorie : Détention arbitraire de Reckya MADOUGOU en violation de sa liberté d’expression, d’association et de réunion consacrée par le pacte international sur les droits civils et politiques,
-3ème cas de détention arbitraire de Reckya MADOUGOU :
Sa détention est arbitraire car elle ne satisfait pas aux conditions d’impartialité et d’indépendance des juridictions béninoises notamment la CRIET et enfin sa présomption d’innocence a été entachée car sa condamnation à 20 ans de prison avait été décidée avant même son procès qui a duré moins de 24 heures.
Voilà qui motive selon l’avis de ce Groupe de travail, la sommation faite au président béninois de libérer immédiatement et sans condition la candidate à la dernière élection présidentielle qui a validé sa réélection.
Le drame dans cette affaire est qu’elle a atteint le niveau où les gouvernements risquent leur légitimité internationale s’ils se refusent à obéir aux injonctions. Et quand c’est l’Onu, tous les coups deviennent légaux pour contraindre le régime à renouer avec le bon sens.
La Rupture a fait montre par le passé de résister aux instances africaines des droits de l’homme et des personnes. Mais cette fois-ci, c’est du lourd. On ne blague pas avec l’Onu. Heureusement que le chef de la Rupture a son nouveau jocker récemment cuisiné à l’Assemblée pour permettre au chef de l’État de choisir et de gérer les circonstances d’une libération de prisonniers. Comme cette loi a été fort heureusement promulguée, c’est peut-être l’occasion de son champ d’application pour voir si cela pourra contenter Reckya Madougou, Joël Aïvo et les instances de l’Onu.
Affaire à suivre !
Aboubakar TAKOU