Si vous tapez deux fois le mot vengeance sur Google, c’est fort probable qu’il vous affiche la photo de Boni Yayi. Talon a eu tort de croire que Yayi pouvait maîtriser sa soif de vengeance en respectant la promesse qu’il lui a faite de ne pas sortir pendant les élections.
Yayi doit sortir. Sortir pour foutre le bordel et se venger de tout le monde. Le peuple qui a voté à 65% pour Talon contre son projet en 2016. Talon lui-même qui a pu lui succéder et lui a arraché tous ses lieutenants avant de le mettre dans un conteneur pendant 52 jours. De ADAMBI son petit récalcitrant qui a trouvé un autre papa en la personne de Talon. De Gbadamassi, un frère nagot qui a choisi de défaire tous ses plans. Yayi avait une dent pourrie contre tout ce monde. Et il sait pertinemment qu’en détruisant tous les projets de victoire de la liste des partis de Talon, il n’apporte rien aux populations du Nord-Bénin. Bien au contraire. Et l’allégorie de Gbadamassi de la Farine de maïs montre à suffisance que seuls les députés de Talon pourront aider à positionner les préoccupations de leur localité. Donc, aimer les populations de la partie où il s’est bougrement vengé, signifie que cette zone est sacrifiée.
Yayi est très intelligent. Il sait très bien qu’en dehors de fatiguer Talon à l’Assemblée nationale pour zéro résultat, la troupe des Démocrates ne pourra rien faire au profit des populations encore moins aider à la libération des détenus politiques et au retour des exilés. Mais Yayi doit se venger pour son moral.
Et pour qui connaît Yayi, c’est son sport favori depuis ses tendres enfances. Une anecdote que Talon n’a certainement pas pris en compte chez Yayi. Devenu président de la République en 2006, Boni Yayi avait réuni ses amis à qui il a demandé d’après les nouvelles d’un homme qui l’embêtait sur les bancs d’école. Malheureusement pour lui, l’ancien camarade de classe avait déjà quitté ce monde et que ne fut pas sa désolation . Il a exprimé son regret que le défunt vient de lui échapper. Il s’est malheureusement tiré de la misère qu’il comptait lui faire. Même sa mort n’a pas gêné la soif de vengeance de Yayi pour de petites erreurs et taquineries à lui faites 45 ans plus tôt. C’est Yayi ça.
Quelqu’un comme ça est capable de tout sacrifier pour avoir sa vengeance. Les populations qui elles aussi avaient de bonnes raisons de suivre Yayi auront le temps de comprendre que c’était une grosse erreur de suivre Yayi dans leur élan de vengeance commune.
Le vin est maintenant tiré. Il va falloir le boire à la lie. Chacun tirera les leçons. Talon lui-même qui s’est cru si fort qu’il n’avait d’yeux et d’oreilles pour être dur sans aucune possibilité de pardon à l’endroit de ses compatriotes en exil ou en prison. Son rêve de contraindre les producteurs à faire coûte que coûte son coton. Les populations elles-mêmes qui n’avaient d’objectif que de profiter de cette chance de participer aux élections pour se venger de leur oppresseur. Bref, chacun aura pour son compte dans ce vote sanction et la vie continue.
Aboubakar TAKOU