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Politique

Situation très préoccupante des Peuls en détention : Réckya Madougou persiste et signe même au prix de sa vie

« Le nouveau durcissement, le 3ème en l’espace seulement d’un mois, n’est que la preuve que ce que je dénonce, relativement aux Peuls incarcérés, est une réalité gênante pour les pouvoirs publics. Je prends acte de cette agression supplémentaire à ma personne, de la violation sans honte de mes droits en plus de ma détention arbitraire. Bien que mesurant ce risque auquel je m’exposais, il était de mon devoir d’alerter l’opinion nationale et internationale de la stigmatisation dont est victime cette communauté. »

Dénonce la candidate du parti Les Démocrates pour la présidentielle de 2021, Réckya Madougou, dans un post sur la « Situation très préoccupante des Peuls en détention » dans lequel elle persiste et signe qu’elle continuera ce combat. Car dit-elle à l’endroit de ses bourreaux : « Vous ne me contraindrez pas à taire les injustices qui me parviennent. ».

En effet, Réckya Madougou n’aurait pas imaginé que la situation qu’elle traverse depuis deux ans allait mettre des détenus Peuls sur son chemin. Ou plutôt dans ce lieu que ses bourreaux ont décidé de lui réserver, la prison de Missérété. Mais seul Dieu décide, car il n’y a pas de hasard, comme l’a décrit Albert Einstein en ces termes : « Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito. »

Mais comme Mère Teresa l’a dit : « Ne laissez personne venir à vous et repartir sans être plus heureux », l’Amazone Réckya Madougou a pris sur elle le devoir de ne pas se taire au regard de l’injustice grandissante que subissent les Peuls. Car dit-elle, « Vous ne me contraindrez pas à taire les injustices qui me parviennent. »

Alors, comme dans sa libre tribune d’il y a quelques jours, elle a décidé à nouveau de dénoncer la « Situation très préoccupante des Peuls en détention » afin que le président Patrice Talon puisse prendre rapidement les décisions qu’il faut pour ne pas aggraver davantage le climat qui prévaut dans le septentrion, du fait des attaques terroristes par-ci par-là.

Malgré tout ce qu’on lui fait subir : « Pendant que je suis privée du droit à l’information et à la communication, les autorités de mon pays ont poussé l’inhumanité jusqu’à m’interdire de téléphoner à mes enfants, et ce depuis 2 ans », elle refuse de lâcher prise parce que pour l’Amazone qu’elle est, on oublie ses propres souffrances quand on voit les autres de son entourage malmener injustement, à la limite de la bassesse.

C’est pourquoi on comprend l’ampleur de sa détermination dans la défense de cette cause quand elle déclare : « … Vous m’avez déjà tout fait subir, privée de tout. La seule chose qu’il vous reste à faire, c’est m’ôter la vie. » Car « Dès que quelqu’un comprend qu’il est contraire à sa dignité d’homme d’obéir à des lois injustes, aucune tyrannie ne peut l’asservir. » Cette citation de Gandhi reflète aujourd’hui le combat de l’Amazone Réckya Madougou. Plus rien n’étonne l’Amazone, consciente que la prison a fait de grands hommes et de grandes femmes comme Nelson Mandela et Aung San Suu Kyi. Allez-y comprendre !

De toute façon, nul ne peut empêcher le soleil de briller. Tout est question de temps. Et c’est lui qui va ajouter un autre nom à la liste de ces grandes dames : la pionnière « Ma Ellen » du Liberia, à savoir Ellen Johnson Sirleaf, Joyce Banda du Malawi, Catherine Samba-Panza de la Centrafrique, Sahle-Work Zewde de l’Éthiopie, Samia Suluhu Hassan de la Tanzanie, etc.

Voilà ce qu’elle dénonce :

Vous ne me contraindrez pas à taire les injustices qui me parviennent.

Situation très préoccupante des Peuhls en détention

Chers toutes et tous,

Mes héroïnes et héros de tous nos combats,

Amazoniennes et amazoniens,

Comme je vous l’annonçais dans mon post antérieur intitulé « Attention aux dangers des stigmatisations religieuses et ethniques », relatif notamment au mauvais traitement infligé aux Peuhls des prisons du Bénin, surtout à la prison civile de Missérété, les représailles sur mes conditions de détention déjà délétères n’ont pas tardé à se manifester. Que vous êtes prévisibles mes chers geôliers!

En effet, je viens d’être informée par mon conseil au cours de sa visite, de la nouvelle décision unilatérale prise par le régisseur sur ordres de la hiérarchie, m’interdisant désormais d’échanger avec mes codétenus en présence de nos avocats communs, au mépris du code de procédure pénale. Cet énième durcissement de mes conditions auquel je m’attendais à cela de pathétique qu’il infantilise des pères de famille, hauts gradés, feignant d’ignorer à leurs postes de responsabilité que la Constitution du 11 décembre 1990 dispose en son article 34 que « Tout citoyen béninois, civil ou militaire, a le devoir sacré de respecter en toutes circonstances, la Constitution et l’ordre constitutionnel établi ainsi que les lois et règlements de la République. » Et poursuivant à l’article 40 « L’Etat a le devoir d’assurer la diffusion et l’enseignement de la Constitution, de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981 ainsi que de tous les instruments internationaux dûment ratifiés et relatifs aux droits de l’Homme. »

Le nouveau durcissement, le 3ème en l’espace seulement d’un mois, n’est que la preuve que ce que je dénonce, relativement aux Peuhls incarcérés est une réalité gênante pour les pouvoirs publics. Je prends acte de cette agression supplémentaire de ma personne, de la violation sans honte de mes droits en plus de ma détention arbitraire. Bien que mesurant ce risque auquel je m’exposais, il était de mon devoir d’alerter l’opinion nationale et internationale de la stigmatisation dont est victime cette communauté.

En ce qui me concerne, il se trouve que dans le même temps et sous mes yeux:

– d’autres avocats reçoivent concomitamment jusqu’à une dizaine de leurs clients;

– les détenus hommes reçoivent leurs amis, collègues et proches sans distinction aucune et sans exigence de permis de visite à la guérite d’accès, alors même qu’il m’est imposé une autorisation spéciale du procureur spécial sur la base d’un décret de l’antiquité politique du Bénin, plus vieux que moi;

– les détenus hommes possèdent dans leur grande majorité chacun leur poste radio et passent au quotidien des milliers de coups de fil. Certains parmi eux continuant même de commettre des infractions depuis la prison. Pendant que  je suis privée du droit à l’information et à la communication, les autorités de mon pays ont poussé l’inhumanité jusqu’à m’interdire de téléphoner à mes enfants, et ce depuis 2 ans;

– d’ailleurs, en sus, depuis 20 mois, il m’est refusé un bilan spécial qui m’avait été fortement prescrit par un médecin généraliste après l’épisode de ma crise respiratoire en détention;

– également depuis bientôt une année, mon médecin spécialiste suite à une autre crise de santé a instamment recommandé un bilan spécial dans une clinique de la place disposant du matériel adéquat. Cela de nouveau m’a été refusé. Pendant ce temps, l’opinion publique a suivi comment l’on organise savamment, à travers de fallacieuses hospitalisations, des évasions d’amis politiques ou de détenus de droits communs avec des compromissions avérées au sein de l’administration carcérale.

Constitution béninoise de 1990, Article 36: chaque Béninois a le devoir de respecter et de considérer son semblable sans discrimination aucune et d’entretenir, avec les autres, des relations qui permettent de sauvegarder, de renforcer et de promouvoir le respect, le dialogue et la tolérance réciproque en vue de la paix et la cohésion nationale. » À quoi répondent donc les nombreuses discriminations dont je fais constamment l’objet du fait de mes opinions qui dérangent?

Je ne saurais achever mon propos sans revenir sur la situation des détenus Peuhls, en me fondant également sur l’article 36 cité supra. Il s’avère que presqu’aucun de leur droit n’est respecté en dehors de la ration alimentaire insuffisante. Ils sont agglutinés entre 90 voire 120 personnes dans des bâtiments construits pour 30 prisonniers. Résultat, l’hygiène fait mortellement défaut. Ce qui expose constamment ces détenus à diverses pathologies se propageant rapidement. Leur accès aux soins de santé à temps est quasi inexistant. Et pourtant de nombreux innocents figurent parmi eux. Dès lors, ils décèdent fréquemment fautes de soins avant même d’être jugés. La plupart d’ailleurs ne dispose pas d’avocat.

On dénombre même parmi eux des handicapés mentaux ou carrément des fous. C’est à se demander comment des fous cliniquement constatés sont susceptibles d’ourdir des entreprises terroristes. Pire, certains d’entre eux n’ont pas rencontré un seul juge depuis plus de 2 années.

Au regard de tout ce qui précède:

1- À mes geôliers: vous avez certainement reçu pour mission de me tuer à petits feux, mais vous n’y parviendrez guère parce que je tiens ma résilience de CELUI qui détient votre souffle de vie.

2- Il ne m’arrivera que ce que Dieu, LUI SEUL, aura permis; et « ceux qui se confient en l’Eternel ne sont jamais confondus ».

3- Mais en attendant, veuille Mon Créateur prendre votre âme en pitié. Amen.

En définitive, acharnez-vous autant que vous le voulez sur moi. Je ne me tairai point, car le Bénin d’abord. Le Bénin toujours.

#ToutExpire

Réckya Madougou

Tel est le message de Réckya Madougou.

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Aboubakar TAKOU

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