Le 15 février 2025, un tournant historique a eu lieu pour Djibouti lors du 38e sommet de l’Union africaine, tenu à Addis-Abeba. Mahamoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères de Djibouti, a été élu président de la Commission de l’Union africaine, marquant ainsi une avancée significative pour son pays. Après une compétition acharnée, il a remporté le poste au 7ᵉ tour de scrutin, récoltant 33 voix sur 49.
La lutte pour ce poste de premier plan a été particulièrement disputée. Au départ, le Kényan Raila Odinga semblait favoriser grâce à 20 voix au premier tour, mais Youssouf a su tirer parti du soutien des délégations après l’élimination du candidat malgache au quatrième tour. La fin du 6ème tour a vu Raila Odinga rétrograder et finalement se retirer, conformément aux règlements de l’Union africaine.
Mahamoud Ali Youssouf, à 59 ans, se présente comme un leader dynamique avec une connaissance approfondie des affaires africaines, ayant œuvré au sein de l’Union africaine depuis 20 ans. Il parle couramment l’anglais, le français et l’arabe, des atouts qui lui confèrent une certaine avantage à ce poste stratégique. Sa victoire a été saluée par les spécialistes, qui reconnaissent en lui un négociateur compétent et un homme de consensus, particulièrement nécessaire à l’heure où l’Union traverse une crise de leadership.
La réaction à sa nomination a été immédiate à Djibouti. Houmed Daoud Abdallah, porte-parole de la majorité présidentielle, a exprimé la fierté nationale, déclarant que « le peuple djiboutien exulte ». Il a ajouté : « Aucun Djiboutien n’avait accédé à cette responsabilité, qui est une énorme responsabilité à l’échelle continentale. » Cette élection apporte de l’espoir à un pays qui désire voir sa voix entendue au sein d’une Afrique confrontée à de nombreux défis, notamment des conflits au Soudan et en République démocratique du Congo.
Le président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh, a également salué cette victoire sur les réseaux sociaux, remerciant les chefs d’État pour leur confiance et exprimant sa certitude que Youssouf fera preuve de dévouement et de vision au service de l’Afrique.
Du côté du candidat kényan Raila Odinga, cette défaite a été perçue comme un coup dur, d’autant plus qu’il a été soutenu par son ancien rival, le président William Ruto. Ce dernier a malgré tout félicité Youssouf pour sa victoire. Odinga a reconnu qu’il est désormais temps pour lui de se retirer et de retrouver son rôle d’opposant, tout en appelant à un réalignement de ses priorités.
La défaite de Raila Odinga soulève des questions sur l’avenir de sa carrière politique et sur la nécessité pour lui de se réinventer à l’aube de cette nouvelle phase. En parallèle, l’Algérienne Selma Haddadi a été élue vice-présidente de la Commission, consolidant la représentativité des pays africains au sein de cette institution.
Avec la responsabilité immense qui pèse sur ses épaules, Mahamoud Ali Youssouf devra redonner à l’Union africaine sa crédibilité et son influence dans un continent en proie à des crises sécuritaires et politiques. Ses quatre prochaines années à la tête de la Commission seront cruciales et attendues avec impatience par les États membres de l’Union.
