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Politique

Suspension très bizarre du SE de Ouidah : POURQUOI VEUT-ON ETOUFFER UN SCANDALE QUI SE DÉROULE DANS LA COUR DU CHEF DE L’ETAT ?

(Le président Talon mérite de tout savoir sur ce qui se passe dans sa propre commune)

Les mauvaises habitudes ont la peau dure, dit-on. Les cadres béninois n’ont en fait peur de rien. Même pas du président Talon dont la réputation d’homme allergique aux magouilles précède. Sinon ce que dénonce le Secrétaire Exécutif (SE) de la mairie de Ouidah, Afizou Mama Sanni et qui lui a valu d’être mangé au festin du diable, n’allait jamais se produire.

On parle bien de la commune natale du chantre de la lutte contre la corruption. Maintenant si c’est pour éviter que ça se sache que de grosses irrégularités ont cours dans la maison du président de la République, qu’on a voulu fait taire à jamais le dénonciateur, ça se comprend. Mais si c’est pour faire dans la Rupture, la lutte contre la corruption, cette suspension est très mal inspirée. On ne suspend pas celui qui dénonce. Puisque les faits sont là têtus qu’il y a eu une gamme d’irrégularités dans la gestion des carrières de cette cité. Des gens ont été interpellés, suspendus par le chef administratif de cette mairie et c’est curieusement lui qu’on met de côté pour gérer comme à l’accoutumée le dossier.

De quoi s’agit-il en réalité ?

La mafia de la gestion des carrières est depuis l’avènement de la décentralisation la vache à lait politique des responsables. Tous les maires qui ont cette bonne fortune d’avoir sur leur territoire de compétence, des carrières en savent quelque chose. Les maires qui se sont succédé à la tête de Ouidah ont tous eu la bonne fortune de sucer jusqu’à la moelle ce don de dame nature.

L’actuel maire Christian Mawugnon Houétchénou ne pouvant faire exception à cette coutume, a mis ses lieutenants autour du biberon avant même l’arrivée de ce trop naïf de SE, Afizou Mama Sanni.

C’est ainsi qu’à la session extraordinaire du 28 juillet 2023, sur dénonciation du conseiller Patrick Donhouédé des monstrueux détournements des recettes issues des carrières, le SE qui croyait rester dans le droit-fil de la politique définie par le président Talon, a décidé de diligenter une enquête. Il ne savait qu’il se préparait à commettre un crime. Le naïf pensait qu’il suffisait simplement de bien faire les choses comme le conseille le premier des Béninois pour vivre parmi les Requins de Ouidah.

En découvrant la pourriture, il décide d’élargir le champ de ses vérifications sur trois mois et que ne fut pas sa surprise. Les collecteurs choisis par l’administration du maire se sucraient vachement sur le dos de la mairie et l’administration des impôts. De mai à juillet, la mafia avait empoché plus de 13 millions soit exactement 13.112.450 FCfa. Toute chose qui a satisfait la présidence de la République qui par sa cellule habilitée, lui avait demandé d’étendre ses vérifications de janvier à juillet 2023. Cette manche est actuellement en cours. Mais ayant constaté sur la base des témoignages qu’il a reçus des mis en cause,  Afizou Mama Sanni a décidé de confier le dossier à la justice. Ce qui relève bien de ses prérogatives lorsque les malversations atteignent un seuil critique.

Mais à Ouidah où les personnes impliquées sont toutes de la commune et se disent être toutes parentes au chef de l’État, il ne fallait pas faire les choses à l’endroit. Il fallait accepter les compromissions du maire qui officie par ailleurs dans la même chapelle politique que son préfet Jean-Claude Codjia. Néanmoins, Afizou Mama Sanni se disait toujours être en phase avec les recommandations consignées dans son cahier de charges tel inspiré par le président Talon.

C’est ainsi qu’il prend sur lui de saisir le procureur du tribunal de Ouidah aux fins que ce parquet connaisse de ces irrégularités pour laquelle il a fait suspendre une vingtaine d’agents collecteurs prêts à témoigner devant le tribunal. Des gens dont il a cités les noms au procureur pour être poursuivis afin que la vérité soit.

Mais ce qui pourrait sortir de la bouche de ces collecteurs fera rougir les yeux au président Talon. Les plus gentils disent que le président serait même tenté de castrer le maire de sa commune maternelle. Tant tout concourt à le mettre nu devant ses administrés. Dans ces conditions, la formule de la suspension du SE lui-même ne pouvait qu’intervenir. Il faut empêcher le garçon de révéler les secrets du couvent. Les « Kuvito’’, revenants de la corruption ne doivent pas être dénoncés par un « Égbèli », Tomênou. N’ayant pas été préalablement initié, il fallait le sacrifier lui-même. C’est le résumé du grossier montage de la suspension intervenue hier.

Nous reviendrons sur les détails dans nos prochaines parutions. Seul le président Talon aura les coudées franches pour sauver le SE Afizou Mama Sanni. Les noms impliqués dans ce scandale font froid au dos.

Aboubakar TAKOU

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