La diplomatie culturelle (Soft power en anglais) est une évolution de la diplomatie étatique. Elle vise à tenir compte de l’évolution qui consiste pour les individus à ne plus passer par l’entremise de chef d’État, ministres ou ambassadeurs pour négocier dans un cadre politique officiel, mais à se servir de la culture pour investir le domaine diplomatique. Elle est tout aussi importante pour l’influence des États. Cette approche est sollicitée dans le cadre du dégel de la crise Bénin-Niger. C’est ainsi que Ya Gamsu, reine mère de la communauté Borno Mannin du Bénin et troisième adjointe au maire de la municipalité de Parakou a fait parler son cœur le lundi 5 août dernier à travers une déclaration de presse animée à son domicile. Dans sa déclaration, elle a émise une initiative complémentaire à la diplomatie étatique, celle traditionnelle comme efficace pour une sortie totale de la crise. Une diplomatie qui a comme soubassement, la culture, les liens séculaires de fraternité qui existe entre les peuples aujourd’hui séparés par des frontières coloniaux. Autrement dit un retour à la case départ où les conflits trouvaient une solution à l’africaine. Tel est la vision noble de la reine mère de la communauté Borno Mannin du Bénin et troisième adjointe au maire de la municipalité de Parakou Ya Gamsu
Souleymane MABOUDOU (Stg)
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CONFERENCE DE PRESSE DE YA GAMSU, ALIMATOU ABDOULAYE EPOUSE CHIDIAC
Mesdames et Messieurs, chers membres de la presse, chers compatriotes,
Je suis honorée de me présenter aujourd’hui en tant que Ya Gamsu, reine mère de la communauté Borno Mannin du Bénin et ambassadrice de la paix et de la culture du sultanat de Borno. Nous traversons une période difficile, marquée par des tensions entre notre pays et le Niger. Dans ce contexte, je souhaite mettre en lumière une approche essentielle la diplomatie culturelle, qui peut s’avérer tout aussi efficace que la diplomatie politique.
Récemment, nos anciens présidents, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, ont effectué un voyage au Niger pour encourager un dialogue constructif entre le Président Tiani et le Président Patrice Talon. Leur retour a été suivi de l’accueil d’une délégation nigérienne au Bénin, conduite par le ministre d’État, le Général Toumba, afin de poursuivre ces échanges. Bien que ces initiatives soient louables, le climat d’inquiétude persiste, comme l’a souligné le Président Tiani dans ses récentes déclarations. Cependant, il a rappelé notre identité commune en concluant son discours dans nos langues partagées, le Dendi, le Haoussa et le Fulfulde. Ses mots « Labou sénin non » résonnent tant au Niger qu’au Bénin, nous rappelant nos racines et notre histoire d’échanges et de solidarité.
Le Niger et le Bénin ne sont pas de simples voisins; nous sommes unis par des liens culturels et historiques. Ensemble, nous faisons face à des défis communs, notamment la menace croissante du terrorisme. Il est donc impératif de favoriser un dialogue pacifique, ancré dans notre héritage culturel.
Tout comme nos ancêtres nous enseignent à laver le linge sale en famille, je suis convaincue que la diplomatie culturelle peut jouer un rôle déterminant dans la résolution de cette crise. Nos traditions et coutumes sont des ressources précieuses pour encourager la compréhension mutuelle et bâtir la paix. La coexistence de la langue et des dents nous montre qu’il est possible de vivre ensemble malgré les différences. Il est donc temps de valoriser ces liens d’amitié pour construire plutôt que de diviser.
En tant que Ya Gamsu et ambassadrice culturelle du sultanat Kanouri, je suis prête à mener cette initiative. Je souhaite rencontrer le Président Tiani et le Président Talon pour exprimer notre volonté d’unir nos forces au service de nos populations. Ensemble, nous pourrions encourager nos autorités nigériennes à rouvrir les frontières, facilitant ainsi les échanges économiques et renforçant nos relations humaines.
J’appelle toutes les parties prenantes, acteurs politiques, leaders d’opinion et citoyens, à soutenir cette démarche collective. La culture est un puissant vecteur de paix et de cohésion sociale, nous rappelant que nos différences sont une richesse.
Unissons nos efforts pour parvenir à une résolution pacifique de cette crise, tout en respectant nos identités et notre dignité culturelle.
Je vous remercie de votre attention et de votre engagement en faveur de la paix et de la culture.
Vive la coopération entre le Bénin et le Niger !
Vive la culture comme voie de paix !
Je vous remercie.