Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le président Patrice Talon a exprimé sa préoccupation face à la recrudescence des attaques terroristes. « Certes, ces incursions ne vont pas au-delà des zones frontalières, mais notre armée est confrontée à des groupes terroristes qui évoluent en toute liberté dans des sanctuaires désertés par les forces de défense et de sécurité du Niger et du Burkina Faso, ce qui leur permet de s’y regrouper et d’attaquer en masse », a-t-il déclaré.
Concernant la coopération sécuritaire régionale, le président Talon a déploré l’absence de réponse de ses voisins : « En ce qui nous concerne, aucune. Nous les relançons régulièrement, en leur expliquant qu’une telle coopération nous permettrait de sortir de la situation de conflit asymétrique que nous subissons, mais servirait leurs propres intérêts sécuritaires. Nous n’obtenons pas de réponse. En attendant, nous faisons le maximum d’efforts pour renforcer nos propres lignes de défense et, si je puis dire, pour ‘blinder’ le Bénin contre le terrorisme. »
Il a précisé que le Bénin bénéficie du soutien de plusieurs partenaires : « les avions de reconnaissance, renseignement. Qu’ils soient Américains, Français, Russes, Allemands, Italiens, Belges, Rwandais, Sénégalais, Togolais. Avec le Togo, notre assistance sécuritaire mutuelle fonctionne parfaitement. »
Face aux accusations de bases terroristes d’entraînement sur le sol béninois, proférées par les présidents de transition du Niger et du Burkina Faso, le président Talon a répondu : « Mon homologue n’a transmis ‘aucune preuve’. Mais je ne souhaite pas trop m’exprimer là-dessus. Il ne faut pas jeter de l’huile sur le feu. Je souhaite un apaisement de nos relations avec le Niger, afin que la coopération reprenne, dans notre intérêt mutuel. »
Il a conclu : « Ce type d’implantations, même tenues secrètes, finissent toujours par être dévoilées et leur existence, documentée. Il n’y a évidemment rien de tel sur le sol béninois. Je veux croire que ceux qui nous accusent se trompent de bonne foi : en voyant les travaux de modernisation de nos lignes de défense frontalières ils se sont sans doute dit que ce ne pouvait qu’être l’œuvre de militaires occidentaux. Ce qui, je le répète, n’est pas le cas. »
Alassane IMOROU SANDA