Le ministère public près la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) a requis, le jeudi 6 novembre 2025, des peines d’emprisonnement contre quatre agents de la police et de la douane, poursuivis dans une affaire de trafic présumé de produits tropicaux à Kassouala, dans la commune de Tchaourou. Le verdict est attendu pour le 18 décembre prochain.
Des cargaisons suspectes aux portes du NigériaL’affaire a éclaté après la découverte, à Kassouala, de plusieurs camions chargés de noix de cajou et de soja stationnés à proximité de la frontière nigériane. Les enquêtes ont révélé l’existence présumée d’un réseau de contrebande impliquant des agents publics. Seize fonctionnaires, dont l’ex-commissaire du commissariat local et l’ex-chef poste de douane, ont été traduits devant la CRIET pour abus de fonctions et blanchiment de capitaux.
Devant la Cour, les prévenus ont soutenu que les camions n’avaient pas franchi la frontière et qu’ils ne pouvaient intervenir sans preuve d’une exportation illégale. Certains ont également évoqué leur méconnaissance de la réglementation interdisant le stationnement de camions chargés de produits tropicaux dans un rayon de cinq kilomètres des frontières. Des arguments que le ministère public a jugés peu convaincants, estimant qu’un véritable marché d’exportation illicite s’était installé dans la zone.
À l’issue de son réquisitoire, le substitut du procureur spécial a retenu la responsabilité de quatre agents : l’ex-commissaire de Kassouala, l’ex-chef poste de douane et deux de ses collaborateurs. Il a requis 24 mois de prison, dont 12 ferme, ainsi qu’une amende de deux millions de FCFA chacun pour abus de fonctions. Pour les douze autres prévenus, il a demandé la relaxe au bénéfice du doute, faute d’éléments suffisants. Le magistrat a également abandonné la charge de blanchiment de capitaux en raison du manque de preuves. Partie civile, la douane a demandé la condamnation des propriétaires des camions et des marchandises à verser plus de 737 millions de FCFA à titre de dédommagement, conformément à l’article 331 du Code des douanes qui réprime la contrebande.
Les conseils de la défense ont plaidé la relaxe de leurs clients, dénonçant l’absence de constat formel prouvant le passage des camions vers le Nigéria. Ils ont aussi rappelé les conditions difficiles dans lesquelles les agents exercent leurs fonctions en zone frontalière, souvent au péril de leur vie.
Après les réquisitions et les plaidoiries, la Cour a mis l’affaire en délibéré. Le verdict sera rendu le 18 décembre 2025. D’ici là, les quatre principaux prévenus restent dans l’attente d’une possible condamnation à des peines de prison ferme.
Fallone CHABI-BONI



