Le débat sur la légalité de l’Union Progressiste pour le Renouveau (UPR) continue de faire rage sur la scène politique béninoise. Jacques Ayadji, Président du Parti Mouvement des Élites Engagées pour l’Émancipation du Bénin (MOELE-BÉNIN), est monté au créneau pour répondre à Paul-Marie Houessou, dont les analyses sur la « crise » au sein de l’UPR, diffusées sur Guérite TV, ont suscité la controverse. Au cœur de la discorde : la pertinence d’un postulat mathématique, « 1+1=2 », appliqué à tort selon Ayadji, et les procédures juridiques entourant la fusion de partis politiques.
Une leçon de mathématiques et de droit des affaires
Paul-Marie Houessou aurait fondé son argumentation sur l’infaillibilité de l’équation 1+1=2 pour commenter la situation de l’UPR. Une assertion que Jacques Ayadji contredit fermement. « En mathématiques, 1+1 peut donner 2, tout comme il peut donner 10, » lance-t-il, invitant son interlocuteur à revoir ses bases et à sortir de ce « postulat qui est loin d’être une certitude ».
Au-delà de cette réprimande mathématique, Ayadji s’attaque au cœur du problème : la création d’un parti politique par fusion. Il établit un parallèle éclairant avec le monde des affaires : « La création d’un parti politique par fusion de deux ou plusieurs partis politiques ayant tous une existence légale ne nécessite pas la tenue d’un congrès constitutif, contrairement à la création d’un nouveau parti politique par des membres fondateurs. » Pour étayer son propos, il cite les exemples de l’UP, du PRD, de Les Démocrates, de MOELE-BENIN ou encore du BR, tous créés selon la seconde modalité.
Comparant la fusion politique au rachat de sociétés, il explique que « le notaire ne demande pas à la société créée par fusion ou rachat de sociétés légalement constituées, les pièces comme s’il s’agissait d’une société en création. » Seules les preuves d’existence légale des entités (registres de commerce ou statuts) et l’acte de fusion ou de rachat sont requis.
Les trois piliers de la légalité de l’UPR
Appliquant cette logique au cas de l’UPR, Jacques Ayadji simplifie les exigences pour le Ministre de l’Intérieur afin de constater la naissance du nouveau parti. Selon lui, trois pièces sont suffisantes et nécessaires :
- Le récépissé définitif du PRD à la date de signature de l’accord de fusion (impliquant que le PRD n’ait pas été dissous à cette date).
- Le récépissé définitif de l’UP à la date de signature de l’accord de fusion (impliquant de même que l’UP n’ait pas été dissoute).
- L’accord de fusion lui-même.
En présence de ces documents, le Ministre est « fondé à prendre acte de la création du parti UPR par fusion de l’UP et du PRD, ce qui entraîne ipso facto, la disparition des deux partis politiques sans qu’aucun congrès de dissolution soit nécessaire. » La raison en est claire : la charte des partis politiques, norme supérieure aux statuts internes, interdit toute alliance de partis de même que la double appartenance.
Coalitions parlementaires et performances intrinsèques
Ayadji réfute également l’idée qu’un accord de coalition parlementaire puisse « tirer vers le bas » un ou plusieurs partis. Il insiste sur le fait que « chaque parti politique en accord conserve ses performances intrinsèques. » L’accord, précise-t-il, vise à mutualiser les performances dans les circonscriptions électorales pour atteindre le seuil de 20% pour ceux qui ont déjà franchi les 10% au plan national. Une mécanique qui, selon lui, ne peut en aucun cas défavoriser un partenaire.
Dépassionner le débat pour un dialogue constructif
Le Président de MOELE-BÉNIN appelle à la sérénité et à la rigueur dans le débat politique. Il dénonce l’affirmation de Paul-Marie Houessou selon laquelle « le problème d’existence légale ou non de l’UPR ne se serait pas posé si le Président du PRD n’était pas frustré. » Pour Jacques Ayadji, subordonner une question de droit à une frustration personnelle est inacceptable.
« Dépassionnons le débat ! Faisons l’effort de débattre sans passion ni parti pris systématique, » exhorte-t-il, plaidant pour la fin des « monologues » et l’avènement de « véritables débats contradictoires », par respect pour le peuple béninois.

