La salle bleue du Palais des Congrès de Cotonou a servi de cadre, ce jeudi 27 février 2025, à l’ouverture d’un colloque organisé par le parti Union Progressiste Le Renouveau (UP-R) pour commémorer le 35ᵉ anniversaire de la Conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. Cet événement, inscrit dans le cadre de la 2ᵉ édition des Journées de l’Union, a été inauguré par le président de ce parti de la mouvance présidentielle, Joseph Fifamè Djogbénou.
« Les systèmes démocratiques en Afrique : Cas du Bénin, 35 ans après la Conférence nationale », tel est le thème central des débats. Dans son allocution, Joseph Djogbénou a rendu un vibrant hommage aux acteurs ayant contribué à l’aboutissement des résolutions issues de la Conférence nationale, tenue du 19 au 28 février 1990. Tout en saluant leur mérite, il a appelé à une action politique audacieuse pour garantir la paix, la justice et le développement économique du pays.
Un colloque pour préserver et transmettre l’héritage de 1990
Le président de l’UP-R a explicité les motivations derrière cette initiative : « L’acte du 22 août 2022, salué de tous, est l’une des pierres angulaires de la construction politique de notre pays, ciment de son développement socio-économique, à mettre au crédit de sa sagacité et de sa volonté d’unir davantage pour semer les graines de progrès. Nous avons tous l’impérieux devoir d’en préserver, d’en soutenir et d’en renforcer le contenu et l’esprit, en agissant continûment, malgré les difficultés, pour enrichir l’Union pour le Progrès et par le Renouveau ». Il a insisté sur la nécessité de transmettre cet héritage aux générations futures, soulignant que le colloque vise aussi à « faire mémoire des acteurs indirects mais réels, à l’origine du bouleversement qui a saisi l’Afrique et le monde ».
Une conférence nationale revisitée : entre héritage et zones d’ombre
Si les acquis de 1990 sont célébrés, certains témoignages invitent à nuancer le récit officiel. Constant Agbidinoukoun, ancien journaliste à la Presse nationale, a partagé une perspective critique : « Durant les assises de 1990, une réalité méconnue a émergé. Jour après jour, à travers les travaux, on sentait que les délégués n’étaient pas tous venus pour changer les choses. Les caciques du PRPB [Parti de la révolution populaire du Bénin] étaient décidés à garder le pouvoir. Des séances nocturnes avaient lieu entre ténors. On les observait avec crainte, en se demandant à quelle sauce nous serions mangés ». L’ex-professionnel a néanmoins salué l’importance de préserver ces acquis, appelant à intégrer l’histoire de la Conférence nationale dans les programmes scolaires.
Le système partisan et l’État de droit au cœur des débats
La première journée a été marquée par deux panels. Le premier, animé par Rachidi Odjo (modérateur) et Franck Kpassassi (rapporteur), a disséqué le système partisan instauré au Bénin depuis 2018. Des figures comme l’honorable Orden Alladatin, Agapit Maforikan et le docteur Jacques Codjo ont retracé sa genèse, analysé son évolution et évalué l’impact des réformes politiques sur le paysage partisan.
Le second panel, consacré à « l’État de droit et la justice », a réuni Céphise Béno Aguilar (modération), Noël Chadaré (rapporteur), ainsi que les experts Iréné Agossa, Victor Topanou (professeur) et Gildas Nonnou. Leurs échanges ont porté sur les défis de consolidation d’une justice indépendante et équitable.
Une seconde journée axée sur le développement économique
Les travaux se poursuivent ce vendredi 28 février 2025, avec un troisième panel consacré à « la promesse de développement économique et d’épanouissement individuel » issue de la Conférence nationale. « Promesse délaissée ou déclassée ? » : la question, posée par Joseph Djogbénou, trouvera des réponses grâce aux analyses d’experts invités.
François d’Assise BATCHOLA