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Politique Takou

Libération de Madougou, Aïvo et les autres : QU’EST-CE QUE ÇA COÛTE FINALEMENT À TALON DE PRENDRE UNE DÉCISION POLITIQUE ?

(Chronique d’un dialogue de sourds entre le président et les conseils des condamnés)

La nouvelle loi taillée sur mesure pour donner plein pouvoir au président de la République de sortir qui il veut des liens de la prison, sommeille dans les placards du palais de la Marina.

Pour les faucons de la cour rupturienne, les avocats mis au fait des dispositions de cette loi, conseilleraient à leurs clients de prendre les initiatives pour en profiter. Ceci permettra au chef de l’État de se sortir des étreintes de la mise en prison de ces gros morceaux difficiles à digérer. Mais c’est mal connaître la détermination de ces hommes et femmes qui ont refusé d’interjeter appel des condamnations prononcées contre eux. Ils n’ont pas cru en la sincérité du tribunal qui les a jugés. Donc, en dehors du fait qu’une force brutale les maintient en prison, ils sont dans leur tête, libres. Ne se reprochant rien, ces hommes n’entendent pas prendre d’initiative dans le sens d’un recours gracieux à l’endroit du président de la République pour bénéficier de sa loi.

Mais quand on sait que l’actuel président finira par les libérer d’une manière ou d’une autre, autant il est légitime qu’il attende d’eux ces recours, autant les autres attendent aussi qu’il les libère de ses cellules privées, et il faudra bien que quelqu’un se décide.

Par ailleurs, ni Réckya Madougou encore moins Joël Aïvo n’a demandé ni inspiré cette loi taillée sur mesure. Ils ne feront donc pas de recours. Car leur recours est simple : ils estiment qu’en droit qu’ils n’ont pas leur place en prison. Une intention malheureusement pour le régime de la Rupture, soutenue par les instances des Nations Unies. Ceci dit, le droit est maintenant du côté des condamnés malgré leur détention arbitraire. Car lorsque les gardiens du monde en arrivent au soutien de personnes gardées chez elles du fait d’une condamnation, elle n’est plus crédible aux yeux du monde. Les Madougou, Aïvo et autres finiront par sortir de prison de gré ou de force du régime du président béninois Patrice Talon ou de son successeur.

Alors, pour qui prône le dialogue, le dégel de la situation politique, qui a aujourd’hui intérêt à prendre des initiatives ? Patrice Talon bien sûr. C’est lui qui doit tenir compte du discours du temps pour jouer le beau rôle. La tension du soja, les manipulations du très belliqueux et revanchard Yayi, la colère des populations de la partie septentrionale du pays, l’hégémonie de la pègre djihadiste dans certaines régions du pays, tous les feux sont au rouge pour appeler le président Talon à une certaine bonne action. On ne perd rien à travailler dans la paix. La condition de sortir de la Marina la tête haute par la grande porte dépend à coup sûr du bon règlement de certains problèmes dont la libération de certains et le retour au pays des exilés politiques. La balle est maintenant dans le camp de la tête de la Rupture. Et il vaut mieux éviter les problèmes quand on peut sans rien perdre, les éviter.

Aboubakar TAKOU

Encadré : Les Démocrates ne font rien pour Madougou

Si l’ancienne ministre de la Justice, Réckya Madougou n’est pas naïve, c’est qu’elle est trop sincère dans ce monde d’hypocrites. Un monde gouverné par des gens comme l’ancien président Boni Yayi et Éric Houndété dont on dit tous deux en deal avec le président Talon. S’il n’y a pas de preuves matérielles pour appuyer cette thèse, les comportements du président d’honneur du parti Les Démocrates et ceux du président plaident en faveur de l’accusation portée contre eux. Puisqu’ils ne font rien de sincère et de concret pour marquer l’opposition de leur parti à la détention de leur camarade et candidate du parti à la présidentielle dernière.

Sinon comment comprendre que LD n’a pas mis à profit la position des Nations Unies qui ont été claires pour parler de détention illégale. Un parti dirigé par des responsables honnêtes et dérangés par l’injustice contre ses membres, allait pouvoir conditionner sa participation aux dernières élections à la libération sans condition des camarades Madougou, Aïvo et les autres. Les Nations Unies ont déjà fait le maximum, balisé le terrain pour leur montrer combien elles seront du côté de la justice dans une pression sur le gouvernement du Bénin pour l’obtention de la libération des prisonniers du président Talon.

Mais que ne fut pas leur surprise de voir LD trouver des compromis avec le pouvoir du Bénin pour participer aux dites élections. Et c’est ce déni déguisé à la position des Nations Unies qui permet aujourd’hui à la Rupture de tenir dans sa position.

Boni Yayi et Éric Houndété, s’ils ne sont pas au service de la Rupture contre leur camarade, en donnent l’impression nette de faire le jeu du président Talon. Mais comme la candidate Réckya Madougou est trop sincère dans sa vision du militantisme, elle ne perçoit aucunement le jeu flou dont elle est victime.

De la prison, elle a continué à faire montre d’un militantisme sans faille au profit d’un parti dont les responsables au sommet sont, soit contre elle pour certaines raisons, soit la craignent en liberté et dealent en sourdine avec son geôlier contre sa libération afin qu’elle y passe plus du temps qu’il n’en faut dans cette cellule politique de la Rupture.

On raconte même au sein du parti que Éric Houndété, battu à plate couture aux primaires du parti Les Démocrates pour la présidentielle de 2021, n’aurait pas fini de digérer sa défaite pour prendre aujourd’hui des positions pour la libération de la camarade Madougou. Yayi lui qui voulait que ça crame pour réchauffer ses chances de revenir au pouvoir, n’avait en réalité pas voulu que la candidate se présente sous les hospices démocratiques. Voilà autant de torts que, sans le savoir, l’honnête candidate aura commis et pour lesquels Boni Yayi et Éric Houndété ne font aujourd’hui rien, en dehors de faire semblant, pour militer pour sa libération.

Voilà ce qui se passe en réalité au sein du parti Les Démocrates et c’est regrettable. Malheureusement, il faudra des pinces pour maintenir ouvertes les paupières de Réckya Madougou pour qu’elle comprenne les vraies motivations des responsables de son parti.

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