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Société

Chronique : Notre frère le Niger

Depuis quelques semaines, le Niger, ce pays frère vit des moments difficiles, surtout depuis que le général Tiani et les siens ont pris sur eux de démettre et saisir l’ancien Président Bazoum. Les voilà divorcés de fait d’avec la communauté internationale qui n’aime pas les coups de forces militaires.

Une ironie, on peut dire, car il n’y a pas que les militaires qui ont perpétré ces dernières décennies en Afrique de l’Ouest des coups de force. Pour tout dire, ils sont même minoritaires. Les tripatouillages et autres révisions musclées de constitution sont de loin en tête de ces violences faites à la souveraineté des peuples dans cette région. Cela dit, ce putsch a mis sur le banc des accusés tout le pays et pénalise par conséquent les populations. Ces dernières se trouvent un peu, malgré elles, soumises aux revers des sanctions imposées pour forcer les putschistes à rétablir l’ordre constitutionnel.

Bien qu’inflexible sur ce principe de restauration de l’état de droit, cette même communauté internationale, dans son ‘’ineffable mansuétude’’ a décidé ouvrir des couloirs humanitaires aux fins de permettre aux Nigériens de base, à la population, de se ravitailler en produits de première nécessité. Nous parions sans trop savoir en quoi consiste ledit ravitaillement, qu’il s’agit de fournir à titre gracieux des produits comme le lait, le sucre, le riz et d’autres denrées qui d’une certaine manière ont dû, à défaut d’être désormais rares, voir leurs prix flamber sur le marché.

Une bonne intention, on pourrait dire, et une preuve que les sanctions ne visent pas à asphyxier le peuple, mais à rétablir l’ordre constitutionnel sans trop peser sur les Nigériens. Peuples notoirement connus comme parmi les plus pauvres au monde.

Aussi altruiste, humaniste qu’il puisse être, ce choix d’ouvrir un couloir humanitaire ne manquera pas de poser les questions qu’il a toujours soulevées, à savoir ; une fois les convois lancés sur le territoire où les sanctions sont imposées comment se rassure-t-on que ce sont les ayant droits qui bénéficient des vivres ? N’est-ce pas là le moyen de frustrer davantage les populations, car généralement ceux qui s’emparent desdits convois humanitaires sont tous sauf les premiers à en avoir la nécessité, surtout pas les ayants-droit.

En-tout-cas, le Niger n’est pas le premier pays dans lequel cette expérience s’est faite. Il faut noter que toutes les fois, ce sont les groupes armés et ou mafieux qui prennent le contrôle desdits convois pour en faire ce qui bon leur semblent. Partant de ce constat, on peut se demander pourquoi vouloir offrir à manger à des gens qui ne verront pas cette bouffe ?

 Et c’est peut-être là que se trouvent les racines du blocage remarqué par les autorités béninoises dans le dossier de l’acheminement de l’aide humanitaire au Niger. Pour tout dire, les Nigériens, n’ont pas confiance en ces actes de bonnes intentions qui à leurs yeux sont des pièges béants dans lesquels ils n’ont absolument pas envie de se retrouver. Pour eux, il y a deux possibilités ; ou bien, ils permettent à la bouffe de rentrer et sur le territoire et courent le risque de se laisser surprendre par quelques ‘’gauloiseries’’, car pour eux ç’est la France qui est derrière toute cette sollicitude douteuse. Puisqu’ils le pensent, comprenons que tout camion qui entre sur leur territoire devient douteux. On ne sait jamais ce qu’un camion de 30 tonnes peut dissimuler à la place de ce qui est officiellement déclaré. C’est cela la première crainte qu’ils peuvent avoir et la seconde et non la moindre ç’est qu’à force de recevoir les aides et bien manger sans payer, les populations le ventre bien plein se désolidarisent de leur combat et refusent de crier contre l’envahisseur. Dans les deux cas, l’aide humanitaire ne semble pas la bienvenue, car elle tient des allures de cadeau empoisonné.

ERIC TCHIAKPE – Ecrivain

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