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Afrique Politique

Désillusion démocratique dans notre Sous-région : Azannaï répond à quel coup d’Etat condamner et quel coup d’Etat adouber

Dans son adresse aux militants et militantes du parti Restaurer l’espoir, le président du parti,dans une analyse de l’actualité est revenu sur la situation qui prévaut dans la sous-région depuis quelques mois faite d’instabilités politiques.

CÉRÉMONIE DE PRÉSENTATION DES VŒUX POUR L’ANNÉE 2022 : ADRESSE DU PRÉSIDENT AZANNAÏ.

Peuple béninois,

Chers Compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

Nous avons coutume dans notre formation politique de nous réunir à l’occasion de chaque nouvelle année pour sacrifier à la symbolique d’échanges de bons souhaits.

C’est le sens de la convocation de cette cérémonie sobre, certes, mais que l’éclat de votre importante présence rehausse malgré la très difficile passe que traversent nos valeureuses populations flouées et  notre Peuple trahi par le pouvoir despotique dit de la rupture.

Chers compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

Monsieur le Coordonnateur du 12è Arrondissement de Cotonou,

Je suis très sensible aux idées forces exprimées dans vos propos par lesquels vous m’avez souhaité les meilleurs vœux de l’ensemble des structures d’encadrement et de base de notre formation politique de même que les vœux  des composantes encore fidèles de nos alliés politiques de la Résistance Nationale.

Veuillez recevoir mes cordiales estimes et mon sincère remerciement.

Je voudrais saluer très franchement l’assistance et en profiter pour vous souhaiter en retour mes vœux de Santé, de Paix et de Plein Épanouissement à chacune et à chacun d’entre vous.

Que cette Année 2022 soit une année clémente et de grandes victoires pour notre cause commune dans l’intérêt supérieur du Bénin mais de cuisants échecs pour le pouvoir despotique dit de la rupture et de honte pour toutes les dictatures d’ici et d’ailleurs.

Peuple béninois,

Chers Compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

Cette année 2022 se déroulera dans la continuation de celles déjà inscrites dans l’histoire et dans un contexte géostratégique pour  l’Afrique fait de résurgence et d’exacerbation des luttes d’influence et de repositionnement des grandes puissances dominatrices de notre temps.

Notre  Sous – Région (l’Afrique  de l’Ouest), un des endroits les plus victimes de la géopolitique de prédation ci – haut évoquée d’une part, continue de ployer sous les   méfaits de la pandémie de la COVID-19 encore en cours et d’autre part, subit les incertitudes des coups de force dictatoriaux qui remettent en cause la Démocratie et l’Etat de droit tels que consacrés par les normes constitutionnelles que la Communauté internationale a admises au lendemain de la chute du mur de Berlin et du discours de la Baule.

Peuple Béninois,

Chers compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

Pour ce qui nous concerne directement, notre pays la République du Bénin vit la remise en cause sectaire du Renouveau démocratique et des Acquis de la Conférence Nationale de février 1990 par le pouvoir dictatorial dit de la rupture qui a substitué l’Etat de droit par un Etat de lois abjectes et iniques.

C’est pour combattre ces coups de force ignobles de Patrice TALON que notre Parti a pris ses distances vis à vis du pouvoir dit de la rupture ainsi que la ferme résolution, aux côtés d’autres forces et personnalités politiques, d’une lutte de résistance nationale pacifique et non violente en référence aux dispositions de l’Article 66 de la Constitution.

Les griefs  de notre Peuple contre l’imposture du pouvoir dit de la rupture sont et demeurent :

– les lois liberticides votées à la pelle,

– l’exclusion

– la confiscation du pouvoir législatif

– les tueries

– le coup d’Etat constitutionnel 

En conséquence l’objectif de la Résistance Nationale demeure à savoir :

– La Réhabilitation de la mémoire des victimes innocentes,

– Le Rétablissement de  la Liberté et de l’Etat de droit,

– La Restauration de la Démocratie,

– La Sauvegarde des Acquis de la Conférence Nationale.

– La Réconciliation de la Nation avec elle-même.

Je voudrais saisir le présent prétexte pour évoquer avec vous trois sujets :

Le premier est relatif au statut politique actuel de notre pays, le second à l’engagement de notre Parti dans le cadre de la Résistance Nationale et à notre profession de foi politique et le troisième aux perspectives face à la désillusion démocratique qui s’observe ici et là, particulièrement dans notre Sous – région.

Le Président américain Joe BIDEN lors de sa sortie le 06 janvier passé, parlant de l’assaut contre la Démocratie que constituait l’invasion du Capitole le 06 janvier 2021, a déclaré :

« Il ne s’agit pas de s’enliser dans le passé, il s’agit de s’assurer que le passé n’est pas oublié. C’est la seule voie. C’est le seul moyen de progresser. C’est ce que les grands pays font : ils n’enterrent pas la vérité, ils l’affrontent…». Joe BIDEN, Propos tenus le 06 janvier 2022, à l’occasion de l’an 1 de l’assaut sur le Capitole.

Personne n’a donc le droit d’enterrer la vérité.

La vérité au sujet  du statut politique actuel de notre pays, c’est que la République du Bénin, jadis modèle et nation pionnière de la Démocratie en Afrique, a été noircie par un pouvoir criminel, violent, opaque, un déni de l’Etat de droit où sévissent, l’exclusion absolue de l’opposition politique, la confiscation du pouvoir législatif, le tripatouillage de la constitution, le prolongement sectaire de la durée du mandat présidentiel et l’exercice du pouvoir personnel.

La vérité est que Patrice TALON a plongé la République du Bénin dans un régime de coups d’Etat permanents par recours à une batterie variée de coups de force  institutionnels avec la complicité flagrante de certains officiers félons, affairistes et mafieux tapis qui souillent et nuisent à l’image et à la renommée de nos Armées et de nos Forces de sécurité publique.

Toutes les documentations sérieuses concluront que le pouvoir dit de la rupture s’est imposé par coups d’État multiples et  continue de sévir actuellement en République du Bénin grâce à une gouvernance opaque et de terreur qui recourt en permanence à l’instrumentalisation de l’administration civile, judiciaire, et militaire…

Comme vous venez de le souligner, notre pays le Bénin n’est plus accepté dans le concert des Pays démocratiques. En outre, sous la fallacieuse promesse d’une gouvernance de pseudo-développement à crédit, malicieusement faite de vernissage d’initiatives pacotilles budgétivores sur fonds de scandales de corruptions et de trafics illicites, de l’omerta…, ses populations sont pressurées et essorées par une fiscalisation abusive, une taxation oppressive et une gouvernance anti-sociale délibérément insoutenable qui les ferrent dans la précarité, l’extrême misère, la faim et le désespoir.

Je voudrais faire quelques mises au point en ce qui concerne l’engagement de notre Parti dans le cadre de la Résistance Nationale et relativement à notre profession de foi à savoir : « Faire espérer  le Bénin »

Peuple Béninois,

Chers compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

Comme vous le savez, nous avions à l’issue du 3è Congrès Ordinaire de notre Parti tenu le 03 juin 2017,  inscrit notre action politique au cœur du lien inviolable entre crédibilité politique, confiance publique et engagement pour l’intérêt général.

C’est pourquoi je me réjouis que vous ayez évoqué votre attachement indéfectible aux idéaux axiaux de notre combat politique totalement dédié à l’intérêt général.

C’est en raison de cet impératif que nous avions pris l’option constante et tranchée de dénoncer et de combattre l’imposture du pouvoir dit de la rupture dont très tôt nous nous sommes en toute conscience démarqués.

Pour faire face au complot du certificat de conformité dont le seul dessein est le coup de force de l’exclusion qui a abouti au coup d’Etat de confiscation du pouvoir législatif par Patrice TALON,  la Résistance Nationale a été préconisée; j’en assume la Coordination Exécutive Nationale. 

Vous devez retenir qu’il a été très difficile à plus d’un parmi ceux qui se disaient engagés contre l’imposture du pouvoir dit de la rupture d’admettre que dans les conditions d’une lutte de résistance contre une dictature,  il fallait immédiatement taire les ambitions personnelles.

Combien de fois n’ai- je pas insisté sur la nécessité pour les uns et les autres de mettre entre parenthèses leurs égos et leurs logos jusqu’à la reculade ou à la chute du pouvoir dictatoriale dit de la rupture ?

Prendre l’option d’une lutte de résistance nationale contre une dictature, c’est admettre que seul l’intérêt général peut servir de cause commune autour de laquelle tous devraient œuvrer à réaliser l’union sacrée face au despote.

Ma conviction était que tout promoteur d’ambition personnelle est une nuisance à la lutte de résistance nationale.

Chacun devra tirer leçon de la réalité.

J’insiste et je persiste qu’on ne candidate pas contre un dictateur; on le fait reculer ou on le dégage.

C’est une vérité sans laquelle certains continueront de croire que c’est le dictateur qui est fort, invulnérable et donc invincible. 

C’est le lieu de réitérer toute ma solidarité à tous les acteurs politiques qui croupissent dans les geôles du pouvoir dictatorial dit de la rupture.

Prisonniers politiques, tout le monde doit se convaincre qu’ils ne sont que des otages politiques victimes de la ruse et de la rage du dictateur qui manœuvre dans le sournois dessein de les échanger contre l’amnésie de sa forfaiture et de son imposture; il s’agit d’un piège dans lequel tout résistant conséquent devra éviter de tomber.

Je formule le vœu que sans délai et sans condition  toutes ces personnes soient libérées.

Le mensonge sur des agendas cachés au sein des alliés est un danger pour la cohésion et pour l’issue de l’alliance.

Vous qui êtes ici cet après-midi, vous savez fort bien que je ne partageais pas l’illusion obscurantiste des abeilles dites mystiques, celle dangereusement hasardeuse des chasseurs dits traditionnels.

Vous saviez ma minutie dans la conceptualisation théorique et mon grand soin en matière de planification organisationnelle et stratégique en matière opérationnelle.

Vous savez mon souci en ce qui concerne la division des tâches en fonction du statut de chaque protagoniste surtout dans une lutte populaire de résistance face non seulement à un pouvoir public, à plus forte raison lorsque le vis-à-vis est une dictature grégaire affairiste et aux abois qui s’est accaparée de l’Etat, donc de la puissance  publique.

Sur la question de la violence en politique et relativement à la lutte de résistance nationale engagée,  une question qui nous a sérieusement divisés,  je réaffirme ma position qui est qu’aucun leader de la Résistance Nationale ne peut et ne doit verser dans la naïveté de recourir ou de préconiser la violence ou la force.

Dès le tout début, ma position sur cette question a été clairement affichée, proscrire la violence et le recours à la force d’où qu’elles peuvent provenir.

Nous ne devons jamais prôner la violence ni promouvoir le recours à la force qui relèvent d’un domaine où seuls l’Etat et le Peuple peuvent accéder, peuvent rivaliser en tant qu’auteurs parce que l’un revêtu du statut de l’autorité donc de la puissance publique et l’autre détenteur de la Souveraineté nationale ; ce domaine n’est pas celui du leader dans le cadre d’une lutte pacifique et non violente.

Dans plusieurs de nos séances de formation stratégique, je n’ai eu de cesse d’insister sur cette subtilité tactique.

Hélas !

J’ai été dégoûté quand je suivais certaines déclarations ahurissantes de certaines personnes qui affirmaient être proches de certaines personnalités  lors des parodies de procès honteux qui ont défrayé la chronique vers la fin de l’année 2021.

Permettez que je m’abstienne  des détails tout en vous disant que beaucoup n’avaient aucune aptitude pour éviter les hameçons dissimulés sous les appâts fumants que leurs tendaient le dictateur et ses acolytes.

Dommage !

Pourtant ce n’étaient ni la capacité ni l’expertise pour éviter de tels égarements qui nous faisaient défaut.

Je vous réitère qu’aucun mot d’ordre de  la Résistance Nationale n’est levé et que la lutte continue.

En conséquence, vous devez vous considérer comme toujours sur la première ligne  jusqu’à la victoire finale.

Je voudrais enfin évoquer avec vous les perspectives face à la désillusion démocratique qui s’observe ici et là, particulièrement dans notre Sous-région.

La question directe est : qu’est-ce qu’un coup d’Etat ?

Et la question sous-jacente est : qu’est-ce que le retour à l’ordre constitutionnel ?

Tout le monde sait qu’un coup d’Etat est le recours à un  coup de force quelconque pour renverser ou pour prendre le pouvoir, soit pour le conserver soit  pour détourner  ou modifier la nature du pouvoir ou du régime en violation de tout ou partie de la Constitution.

Un coup d’Etat n’est toutefois pas une révolution.

La nature du coup de force et les profils de leurs auteurs déterminent les catégorisations suivantes : le coup d’Etat civil, le coup d’Etat institutionnel, le coup d’Etat militaire ou putsch, la révolution de palais…

Quel coup d’Etat condamner et quel coup d’Etat adouber ?

Je voudrais sans être exhaustif et sans les commenter,  évoquer  les cas suivants :

– Celui de Patrice TALON de confiscation du pouvoir législatif et de tripatouillage sectaire de la Constitution pour prolonger le mandat en cours, avec un recours criminel à la force et à l’utilisation des armes à feu.

– Ceux  des séries de modifications constitutionnelles dites du 3è mandat bien connus dans l’espace CEDEAO.

– Ceux de la dernière vague et en vogue qui interviennent comme en réponse ou pour conclure des soulèvements populaires ou pour se poser comme alternative aux défis et enjeux du terrorisme radical ou pour mettre fin à un 3è mandat manifestement indu ou à une gouvernance cahoteuse en dérive.

– Celui intervenu dans le but d’une  dévolution de type dynastique (remplacement du père par fils ) du pouvoir en violation flagrante de la Constitution.

Je voudrais inviter cette exigence de clarification du Président P. KAGAME de la République Rwandaise :

« Je trouve inapproprié de ne critiquer que les militaires et de ne pas blâmer les civils qui les ont utilisés pour se maintenir au pouvoir. J’imagine que c’est à partir de ce genre d’analyse que certains disent qu’il y a des bons et des mauvais coups d’État ».

Nous devons également méditer profondément la réaction dite de principe de la CEDEAO et de certaines organisations internationales à l’aune de cette clarté du Président KAGAME relativement aux modes d’accession ou de maintien au pouvoir de certains Présidents grands censeurs de coups d’Etat et pourtant grands auteurs de coups d’Etat.

Nous devons également interroger l’attitude de deux poids deux mesures de certaines puissances dominantes relativement aux coups d’Etat, aux leaderships corrompus et déviants, totalement aux antipodes des exigences en matière de Démocratie et d’Etat de droit, mais chose curieuse en flagrant contraste avec les valeurs et principes pourtant affichés au fronton de leurs pays.

Peuple Béninois,

Chers compagnons de lutte,

Mesdames et Messieurs,

C’est de l’examen approfondi et sans complaisance de cette double interrogation que chacun peut saisir la gravité de l’illusion démocratique qui s’empare au jour le jour de larges majorités des populations désabusées qui commencent par perdre confiance aux promesses de la Démocratie, n’ayant plus aucune confiance en des hommes en qui elles ne se reconnaissent plus et doutant de plus en plus de la sincérité et du sérieux des puissances dominatrices qui de par leurs jeux flous trahissent au vu et au su de tous, leurs propres valeurs et les leurs propres principes.

Je voudrais que dans nos prochaines séances de formation de nos bases, nous nous attelons à l’approfondissement des défis que nous lancent ces deux états de lieux à un moment de grandes manœuvres des jeux d’influences des grandes puissances dominatrices prédatrices de l’Afrique.

J’appelle chacun à la vigilance de chaque instant dans la mesure où les réalités qui menacent ailleurs ont déjà franchi nos frontières au propre comme au figuré.

Aucune perspective heureuse ne se profile sans une intensification intelligente et courageuse de la lutte de résistance nationale; cette certitude est valable ici et ailleurs.

Avant de clore mes propos, je voudrais vous réitérer mes sincères vœux d’une fructueuse Année 2022 de santé, de paix pour chacune et pour chacun, de mieux-être pour vous tous et pour nos populations et surtout de grandes victoires pour notre Pays et de plus de dignité et de la grandeur pour l’Afrique.

Que notre temps renoue avec la Paix et la Prospérité.

Victoire au Peuple Résistant Debout.

Vive la Résistance Nationale,

Vive le Bénin.

Cotonou, 31 janvier 2022

C A M AZANNAÏ

Ancien Ministre,

Coordonnateur Exécutif Nationale de la Résistance Nationale.

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