La Douane gabonaise est au cœur d’une polémique après avoir publié sur ses réseaux sociaux les identités et documents personnels de voyageurs béninois interpellés à l’aéroport de Libreville. Cette pratique, jugée illégale et contraire aux droits fondamentaux, soulève de vives questions sur le respect de la présomption d’innocence et de la vie privée.
Plusieurs ressortissants béninois récemment arrivés à l’aéroport international de Libreville ont fait l’objet d’interpellations par les services douaniers gabonais. Les faits remontent aux 19 et 20 septembre 2025, lorsque Mr X puis Mr Y ont été arrêtés à leur descente d’avions en provenance de Cotonou.
Si le contrôle douanier et la saisie de marchandises prohibées relèvent des prérogatives légales de la Douane, la suite des événements a suscité l’indignation. En effet, l’administration gabonaise a choisi de rendre publics ces dossiers en publiant sur sa page officielle des communiqués mentionnant nommément les personnes interpellées, accompagnées de photographies et de documents personnels, dont leurs passeports. Les publications accusent les voyageurs d’être en possession d’objets liés à des « pratiques fétichistes ».
Une violation des textes douaniers et des droits fondamentaux
Cette exposition médiatique soulève un sérieux problème de légalité. Aucune disposition du Code des douanes gabonais ni de celui de la CEMAC n’autorise une telle publicité, fait savoir Canal 3 Bénin. Au contraire, les principes fondamentaux qui régissent l’action douanière imposent le secret professionnel, la confidentialité des données personnelles et le respect de la dignité des personnes contrôlées, y compris en cas d’infraction.
Remise en cause de la présomption d’innocence
En exposant ainsi des individus qui n’ont pas encore été jugés, la Douane gabonaise bafoue le principe de présomption d’innocence. Pour de nombreux observateurs, cette méthode vise à exercer une justice parallèle et populaire via les réseaux sociaux, en dehors de toute procédure judiciaire régulière. Il s’agit d’une atteinte grave aux droits de la défense et à l’image des personnes concernées.
Face à ce qui est perçu comme un acharnement public, la question de la protection des droits des voyageurs et du respect des procédures légales dans l’espace CEMAC se pose avec acuité. Les autorités béninoises n’ont pas encore réagi officiellement à cette affaire qui met en lumière des pratiques contraires aux engagements internationaux en matière de droits de l’homme.
WM



