Le projet CASCADE, une initiative majeure menée par le consortium CARE et GAIN, est en train de révolutionner le programme national des cantines scolaires au Bénin. Grâce à un appui stratégique ciblé, des millions de francs CFA ont été mobilisés, permettant d’améliorer significativement la qualité nutritionnelle des repas servis dans 5 709 écoles publiques du nord et du sud du pays. Deux ans après son lancement, les résultats sont déjà tangibles et particulièrement encourageants.
Un engagement renforcé face aux défis nutritionnels
Initié en 2018 via le Programme National d’Alimentation Scolaire Intégré (PNASI), le système des cantines scolaires vise à garantir un repas chaud quotidien aux élèves du primaire. Le budget alloué à ce programme a connu une augmentation spectaculaire, passant de 1,5 milliard de francs CFA en 2016 à 48,7 milliards en 2022, selon une publication officielle de 2022.
Cependant, malgré cet effort budgétaire considérable, la qualité nutritionnelle et sanitaire des repas demeurait une préoccupation majeure pour les acteurs éducatifs et les membres des Cadres de Concertation Communale (CCC).
La Carte Communautaire de Performance (CCP) : Un outil participatif pour l’amélioration
Pour remédier à ces lacunes, le projet CASCADE a mené une évaluation approfondie du service de « qualité des aliments servis par les cantines scolaires » dans 20 communes d’intervention. Cette évaluation a été réalisée grâce à la Carte Communautaire de Performance (CCP), un outil participatif de redevabilité sociale.
Eudes Hougbenou, assistante du gestionnaire du projet CASCADE, explique l’importance de cette démarche : « Il a été jugé pertinent pour CASCADE de réaliser la Carte Communautaire de Performance, afin de rapprocher les bénéficiaires et les prestataires de ce service. Cela facilitera la mise en œuvre d’un mécanisme de redevabilité, essentiel pour améliorer les performances des services. »
La CCP a permis de recueillir les perceptions des communautés bénéficiaires sur la qualité des repas et d’identifier des actions correctrices concrètes. À Kalalé, dans le département du Borgou, la qualité des repas restait un défi malgré les efforts. M. Taïrou Bani Kao, directeur de l’école publique de Bessassi groupe A, témoigne : « La difficulté que nous rencontrons, c’est la question de qualité. Les repas sont souvent servis sans protéines. »
Des millions investis pour des repas plus équilibrés
Face à ce constat, CASCADE a agi en formant les cadres techniques communaux à l’outil SISAN (Score d’Intégration de la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle). Cette formation a eu un impact direct : plusieurs millions de francs CFA ont été inscrits dans les budgets communaux de 2024 pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
À Kalalé, pas moins de dix millions de francs CFA ont été alloués à l’achat d’aliments protéinés pour les écoles. M. Sidi Siaka, deuxième adjoint au maire de la commune, souligne : « Grâce au projet CASCADE, le conseil communal a compris l’importance d’intégrer des lignes budgétaires spécifiques à la nutrition. Certains élus vont même jusqu’à appuyer personnellement les cantines. » Cet engagement porte déjà ses fruits. « Depuis 2024, la mairie nous fournit des condiments tels que du poisson, des œufs, des épices… Les enfants reçoivent désormais des repas plus équilibrés », se réjouit M. Bani Kao.
Un impact positif s’étendant à d’autres communes
À Klouékanmè, dans le Couffo, les 75 écoles de la commune bénéficient également des retombées du projet. En plus des inspections surprises menées par le comité de supervision local, le conseil communal a débloqué trois millions de francs CFA pour soutenir les cantines. Pour M. Aimé Akando, premier adjoint au maire, l’enjeu est clair : « Si on n’est pas sûr de garantir la qualité des repas à nos enfants, on n’est pas sûr non plus de garantir une bonne santé à nos enfants qui sont tenus de nous remplacer. »
Des perspectives ambitieuses pour 2026
Les perspectives de CASCADE à l’horizon 2026, date prévue de clôture du projet, sont ambitieuses. Parmi les actions envisagées : une implication renforcée des mairies, des groupements AVEC, de l’Union Communale des Producteurs, des communautés et des élus dans la gestion des cantines ; l’accès à l’eau potable dans toutes les écoles concernées ; l’adoption de bonnes pratiques d’hygiène ; et une diversification accrue des menus scolaires.
Par son approche inclusive et participative, le projet CASCADE s’affirme comme un acteur clé de la lutte pour une meilleure nutrition des écoliers au Bénin. Une priorité de santé publique pleinement en phase avec les ambitions du gouvernement.
Gloria AKOAKOU