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Chronique

Bénin : Pénurie de gaz, une légèreté en matière énergétique et écologique

«Le Bénin perd 60 000 hectares de forêts par an,…» Selon le gouvernement béninois.

D’après la FAO, le Bénin possédait en 2020, 3,1 millions d’hectares de forêts contre 4,8 millions d’hectares en 1990. Bien malin, qui nous dira ce qui reste en vérité de couvert végétal, 03 ans plus tard. Une chose est certaine la préservation de la flore et on imagine de la faune n’est pas partout perçue de la même façon. Notre conclusion vient de la désinvolture affichée dans la gestion de la pénurie de gaz cyclique, des conséquences qui directement en découlent et surtout de la légèreté avec laquelle le sujet est traité. En effet, c’est proprement de la légèreté que de laisser plusieurs jours, voire plusieurs semaines perdurer l’absence d’un bien de consommation dont on régule pourtant le prix. Un produit supposé être stratégique, dans la mesure où son usage à un double impact sur l’environnement et sur les populations. Depuis maintenant quelques semaines, le ballet des remorqués à zems avec une bouteille de gaz de 6 ou 12 kg vides généralement ou pleins plus rarement, s’est accru. Il est désormais fréquent de constater au cours de la journée des personnes à la recherche de la substance inflammable, il s’agit de ceux qui détiennent la bouteille Orange, manifestement les plus nombreux. Pour ne pas citer cette compagnie, on apprend que pour obtenir son précieux liquide gazeux, il faut se réveiller tôt, se munir d’espérance et parcourir monts et vallées puis avoir forcément une sacrée dose de patience pour espérer obtenir sa part au prix homologué. Il y a quelque temps, c’était simplement même impossible. Et comme l’occasion ne manque jamais de faire le larron, les quelques commerçants qui avaient du stock en ont profité pour appliquer une règle aussi vieille que le monde, celui de l’offre et de la demande. Et voilà donc les prix homologués se désintégrer devant la nécessité et le besoin. Nous avons alors assisté, sous le couvert, à une explosion du prix du gaz domestique Orange. Ceux qui n’en pouvaient plus de se balader en trimballant les bouteilles de gaz, ou qui n’avaient pas les moyens de s’offrir des bouteilles à 25 mille Cfa voire plus, sont retournés aux bonnes vieilles méthodes, à savoir au bon vieux charbon de bois. C’est vrai qu’il y a eu là aussi une certaine surenchère, mais dans l’absolu plus abordable pour le consommateur que d’acheter une bouteille de gaz d’une nouvelle consigne ou de payer plus de 80 % du prix normal. Le feu devant s’allumer, selon leurs moyens, les familles et foyers se sont accommodés. Depuis quelques jours, il se trouve qu’il y a à Agla, des dizaines de personnes qui font le rang pour obtenir le gaz de la marque orange, venant d’AKPAKPA ou de CALAVI, il y en a d’autres qui partent à la frontière de SEME KRAKE faire une recharge de bouteille dans des conditions de sécurité qui nous échappent complètement. Quant aux plus nombreux, ils ont fait le choix d’abdiquer, de ranger la bobonne orange pour tracer du noir. Rien de tel que le bon vieux charbon pour dire non à la surenchère, aux rangs kilométriques et aux distances incongrues. La conséquence de leur sage décision, est que plus d’arbres vont être abattus dans nos savanes, car il était déjà abusé de parler de forêt au Bénin – Il n’y en a pas dans le sens strict du terme. A nos essences rares, traditionnellement traquées par les exportateurs chinois et indiens, vient s’ajouter le nombre incalculable d’arbres de toutes natures qui vont être consumés en surplus pour satisfaire ce regain de demande en charbons de bois. On ne va pourtant pas leur en vouloir, il faut bien que les fourneaux soient alimentés de charbon, à défaut de gaz à prix absorbable, pour que les citoyens mangent. De ces mêmes citoyens, se trouvent quelques-uns, des cadres, qui iront probablement s’asseoir à la COP 28 à Dubaï, en novembre, pour parler de dérèglement climatique, et de couche d’ozone. Voilà comment une légèreté peut devenue pernicieuse et hypocrite. Une réalité triste, car dans les faits, le Bénin est un des derniers rideaux verts qui empêchent le désert du Sahel d’atteindre les côtes de l’océan Atlantique, ce qui implique que nous aurions dû avoir une politique de la préservation de la faune et de la flore plus volontariste. Est cela que nous observons actuellement ? Rien n’est moins sûr ! Il semble au contraire que tant qu’il n’y a pas encore officiellement  mort d’homme, on ne prendra aucune mesure énergique pour régler définitivement ce problème. Ainsi, les populations pourront continuer à se balader avec des bonbonnes de gaz partout, ou saccager la savane pour plus de charbons de bois, ou encore débourser plus pour acheter chez le concurrent. Après tout, ne sommes-nous pas dans un libéralisme de marché ?

Mais cela, c’est une autre histoire qui ne fait pas l’objet de notre réflexion de ce jour.

Éric TCHIAKPE  – Ecrivain

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