Le couperet est tombé ce jeudi 17 avril 2025 au Tribunal de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) dans l’affaire de fraude et d’abus de fonction qui secouait la Société des infrastructures routières et de l’aménagement du territoire (SIRAT). Dix agents de la société ont été reconnus coupables et condamnés à des peines de prison et à une amende colossale de 1,4 milliard de francs CFA en dommages et intérêts. Les agents de la SIRAT, en détention provisoire depuis octobre 2024, ont comparu devant la CRIET où le ministère public avait requis des peines allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement, dont une partie ferme, ainsi que des amendes de deux millions de francs CFA. Le verdict a confirmé en grande partie ces réquisitions : neuf des prévenus ont écopé de cinq ans de prison, dont trois fermes, assortis de l’amende requise. Un dixième agent a quant à lui été condamné à cinq ans de prison ferme et à la même amende.
Au cœur de cette affaire retentissante, des faits d’abus de fonction et de complicité d’abus de fonction perpétrés au niveau des postes de péage routier d’Ekpè (Sèmè-Podji) et d’Ahozon (Ouidah).
Ces agents de la SIRAT sont accusés d’avoir mis en place un système frauduleux consistant à s’entendre avec des usagers, notamment des conducteurs de camions, pour leur permettre de franchir les barrières de péage sans s’acquitter des frais réglementaires. En contrepartie, ils détournaient les fonds ainsi éludés. Leur mode opératoire impliquait la manipulation des systèmes de pesage pour sous-estimer le poids réel des véhicules. Lors de leurs plaidoiries, les avocats de la défense ont tenté de convaincre la Cour de l’absence de preuves matérielles et légales suffisantes pour établir la culpabilité de leurs clients, plaidant pour une relaxe pure et simple. Ils ont également qualifié de « fantaisiste » le montant exorbitant des dommages et intérêts réclamés par la SIRAT et l’Agence judiciaire de l’État (AJE), représentant la partie civile. Malgré ces arguments, la CRIET a suivi les réquisitions du ministère public, reconnaissant la culpabilité des dix agents et les condamnant aux peines mentionnées. La Cour a également fait droit à la demande de la SIRAT et de l’AJE, ordonnant aux condamnés de verser collectivement 1,49 milliard de francs CFA en réparation du préjudice subi.
Le verdict de cette affaire, qui met en lumière des pratiques de corruption au sein d’une institution clé de la gestion des infrastructures routières du Bénin, devrait avoir des répercussions importantes. La décision de la CRIET souligne la détermination des autorités béninoises à lutter contre la délinquance économique et la corruption à tous les niveaux. Le verdict définitif dans ce dossier est attendu pour le jeudi 26 juin 2025, selon les informations de Libre Express.