Alors que le parti de l’opposition béninoise, Les Démocrates, tient son Conseil national, un nom a brillé par son absence remarquée dans le processus des primaires : celui de l’activiste Kémi Séba. Annoncé comme un potentiel candidat à la présidentielle de 2026, son silence et son inaction au sein du parti suscitent l’étonnement, mais surtout une critique acerbe sur son approche de la politique nationale.
L’absence qui en dit long
Depuis le lancement des consultations et l’ouverture des primaires pour désigner le duo de candidats du parti Les Démocrates, le dossier de Kémi Séba n’a jamais été déposé. Une absence formelle qui interroge : comment prétendre vouloir briguer la magistrature suprême sans même franchir la première étape, celle de l’engagement institutionnel au sein de la formation politique ?
Ce manquement révèle, aux yeux de nombreux observateurs et militants, un manque de sérieux flagrant de la part de l’activiste. L’élection présidentielle n’est pas un jeu d’enfant, ni une arène de divertissement ou de pitrerie. Elle exige une discipline, un travail de fond, et un respect des processus démocratiques internes, même au sein de l’opposition.
Le mythe du « Ohba Ohba »
Le comportement de Kémi Séba traduit la dangereuse illusion selon laquelle l’aura médiatique et la popularité sur les réseaux sociaux suffisent à faire un homme d’État. Comme le chanterait l’artiste ivoirien Tiken Jah Fakoly, il semble croire que tout repose sur le simple « Ohba Ohba » – le vacarme, l’agitation, la simple parole – au détriment de l’action structurée et de l’organisation politique rigoureuse.
Son activisme, centré sur une prétendue « défense du panafricanisme », ne saurait être l’unique panacée face aux défis complexes d’une nation.
Gouverner est différent de discourir. Gérer un pays comme le Bénin nécessite une maîtrise des finances publiques, une diplomatie fine, des programmes sectoriels crédibles (éducation, santé, économie) et, avant tout, une capacité à s’intégrer dans le jeu politique réel et institutionnel. L’activisme de rue, aussi fervent soit-il, ne remplace pas la planification budgétaire ni la construction d’alliances parlementaires.
L’élection n’est pas de la bouffonnerie
En agissant ainsi, Kémi Séba semble confondre l’élection présidentielle avec une simple plateforme d’expression publique. C’est une insulte au processus démocratique et aux efforts que déploient les partis pour construire une alternance crédible. L’activisme peut inspirer ; seule l’organisation politique peut transformer.
De fait, la direction du parti Les Démocrates n’a jamais réellement pris au sérieux ce désir de candidature.
Aux yeux des instances dirigeantes du parti, l’activiste n’a jamais été un candidat crédible, mais plutôt un plaisantin ou, au mieux, un acteur qui cherche à monnayer sa notoriété sans vouloir se soumettre à l’effort des primaires. Le Conseil national du parti Les Démocrates, en se concentrant sur les dossiers sérieux des autres prétendants, envoie un message clair : l’heure est au travail d’organisation, et la politique n’attend pas les bouffons.
Worou MERE



