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Afrique Politique

Crise nigérienne : Evitons tout amalgame dans les décisions de la CEDEAO

Jusqu’à quand allons-nous continuer à voir la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) être à la solde de la France dans le règlement de la crise nigérienne? Les dernières informations sur les vacances sabbatiques du président français Emmanuel devraient mieux situer que ce coup d’État est de loin le cadet de ses soucis, surtout après l’évacuation des ressortissants européens. Dans ces conditions, on devrait mieux comprendre que c’est une affaire entre Africains qui se déroule avec le coup d’État au Niger, où toute manipulation de la France n’est pas possible au sein de la CEDEAO.
Et pour cause, c’est une organisation qui n’est pas composée que de pays francophones, anciennement colonisés par la France. Il y a également le Nigeria et le Ghana, où l’indépendance de l’Afrique est plus forte que dans les pays francophones. Avec le grand voisin de l’Est, le Nigeria, qui assure actuellement la présidence, ce n’est pas Macron qui peut influencer son président. C’est carrément infantiliser nos pays que de penser que la France leur dicte ou impose ce qu’ils doivent faire. Mieux encore, c’est mal connaître la politique annoncée de Bola Tinubu à sa prise de fonction en tant que nouveau président de la CEDEAO, décidé à en finir avec les coups d’État par-ci par-là. D’où sa ténacité dans ce coup de force de Tiani, pour lequel il exige le retour à l’ordre constitutionnel.

« La plus grande liberté naît de la plus grande rigueur, » a dit Paul Valéry. Et c’est dans ce sens qu’il faut voir la fermeté de la CEDEAO face aux putschistes du Niger, pour le retour à l’ordre constitutionnel avec Mohamed Bazoum aux commandes. Car après 63 ans d’indépendance, on n’a pas fini de tropicaliser la démocratie, pour qu’à l’instar de certains pays de vieille démocratie comme les États-Unis et la France, qui malgré les crises politiques ou sociétales qu’ils connaissent, s’en sortent toujours avec l’armée dans ses casernes. Ce qui se fait doit être renforcé en vue d’une démocratie au service du peuple, pas des gens qu’il a choisis.

Par ailleurs, il est aussi étonnant de voir que la détermination de la CEDEAO va au-delà des pays francophones, qu’on peut supposer être à la botte de la France. Ici, c’est le Nigeria lui-même qui mène cette lutte. Mais aveuglés ou obsédés par la France, les gens ne voient même pas les prises de position des États-Unis d’Amérique, de l’UA ou de l’ONU, soutenant les décisions de la CEDEAO.

Alors, n’est-ce pas faire économie de vérité en prenant juste ce qui nous arrange ? C’est pourquoi il est important de revenir sur terre pour voir les véritables enjeux de cette situation qui est de laisser cours à la libre expression du peuple à travers le choix qu’il a fait. La démocratie définie comme le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple selon Abraham Lincoln, permet aux populations, à travers le bulletin de vote lors des élections, de choisir leurs dirigeants pour une durée donnée ou de sanctionner d’autres dirigeants. C’est le véritable enjeu, car c’est ce qui va permettre à nos pays d’être bien gouvernés et d’avoir des dirigeants visionnaires et ambitieux.
Le cas du Bénin, depuis 2016, est illustratif du choix fait par le peuple, qu’il assume et qui lui donne aujourd’hui des résultats jamais atteints depuis les indépendances. Ce qui veut dire que c’est possible de faire autrement, au lieu de croire que tout viendra par les coups d’État qui nous condamnent à un éternel recommencement, avec un développement renvoyé aux calendes grecques. Le Bénin, le Nigeria et le Ghana doivent inspirer et amener à se dire tout simplement qu’il faut chasser la bande à Tiani et arrêter de voir la France derrière cette fermeté de la CEDEAO.

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