La Cour constitutionnelle du Bénin est désormais saisie d’un recours visant Daagbo Parfaite, cheffe de la mission de Banamè, suite à des déclarations publiques dans lesquelles elle affirme détenir un « pouvoir spirituel » capable de « faire disparaître le Bénin de la carte ». Introduite mercredi 19 novembre dernier par deux citoyens, la requête accuse la dignitaire religieuse de violations graves et multiples de la Constitution.
Des propos perçus comme une menace pour la Nation
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, Daagbo Parfaite se présente comme détentrice d’un pouvoir surnaturel. Elle y déclare : « Si ça me plaît, je me transforme en air. Si ça me plaît, je me transforme en feu. […] Si je touche la mer, le pays le Bénin disparaîtra de la carte. »
Pour les requérants, ces paroles, bien qu’énoncées dans un contexte spirituel, dépassent le cadre de la simple croyance. Ils estiment qu’elles menacent la souveraineté nationale, l’unité du pays et la paix publique, en créant « un climat de tension contraire aux valeurs constitutionnelles de paix, de respect et de stabilité institutionnelle ».
Plusieurs articles de la Constitution invoqués
Les plaignants fondent leur recours sur une série de dispositions constitutionnelles qu’ils jugent violées :
· Articles 2 et 3 : relatifs à l’indivisibilité de la République et à la souveraineté nationale, appartenant exclusivement au peuple. Les requérants affirment que prétendre détenir un pouvoir capable d’anéantir le pays revient à « nier la souveraineté populaire » et à s’arroger un pouvoir supérieur à celui de la Constitution.
· Article 23 : qui garantit la liberté d’expression et de religion, mais dans le respect de l’ordre public et des droits d’autrui. Les déclarations incriminées seraient de nature à « intimider la population » et à « troubler la paix publique ».
· Articles 32, 34 et 36 : qui consacrent le devoir de tout citoyen de respecter la Constitution, de défendre la patrie et de traiter autrui avec respect. Les propos tenus trahiraient, selon les requérants, un « manque de loyauté envers la patrie » et iraient à l’encontre de l’esprit républicain.
Une demande de rappel à l’ordre et de clarification juridique
Les deux citoyens demandent à la Cour constitutionnelle de :
- Constater la violation des articles 2, 3, 23, 32, 34 et 36 de la Constitution ;
- Déclarer les propos de Daagbo Parfaite « incompatibles avec les principes fondamentaux de la République » ;
- Inviter les autorités compétentes à « prendre toute mesure nécessaire pour rappeler cet individu à l’ordre ».
Ils souhaitent également que la Cour rappelle officiellement à tous les citoyens le « devoir de loyauté constitutionnelle et de respect des institutions », afin de préserver l’unité et la stabilité du Bénin.
Les sept sages de la Cour constitutionnelle devront désormais trancher cette affaire inédite, qui mêle liberté d’expression, spiritualité et ordre public.
Alassane IMOROU SANDA



