Cette semaine, le gouvernement Talon a fin à la mesure d’interdiction des exportations de certains produits vivriers par voie terrestre, soit plus d’un an après son imposition. Lors de sa rencontre hebdomadaire avec les hommes des médias, le Secrétaire Général du Gouvernement (SGG), Wilfried Houngbédji, est revenu ce vendredi au siège du groupe de presse Le Béninois Libéré, sur les motivations profondes de la mesure, une décision qui, selon lui, est loin d’être arbitraire ou permanente. Cette initiative, mise en place il y a un an, s’inscrivait dans une logique de développement économique national et de renforcement du contrôle des flux commerciaux.
L’objectif principal de cette mesure était de garantir un approvisionnement suffisant en matières premières pour les usines installées dans la Zone Industrielle de Glo-Djigbé. « Nous avons dit, il y a la zone industrielle de Glo-Djigbé qui est en place. Il y a des usines qu’on a amené à s’installer pour que les usines tournent et pour qu’elles emploient nos jeunes frères, nos jeunes sœurs, nos enfants, il faut qu’elles aient la matière première », a souligné le SGG.
Cette stratégie vise à éviter que la quasi-totalité de la production ne soit exportée, comme c’était souvent le cas par le passé. Les prix « mirobolants » proposés par les acheteurs étrangers incitaient les producteurs à vendre leurs récoltes à l’extérieur, au détriment de la consommation nationale et des opportunités de transformation locale. Ainsi, les premiers mois suivant la récolte sont dédiés à la fourniture des usines et du marché national.
L’interdiction formelle des exportations par voie terrestre visait également à contrôler précisément les volumes qui sortent du pays et à lutter contre la fraude. Le gouvernement exige que les exportateurs utilisent le Port de Cotonou, la voie officielle pour l’exportation. Cela permet d’obtenir des statistiques fiables sur la balance commerciale et d’assurer le paiement des droits et taxes douanières.
Wilfried Houngbédji a dénoncé le « gros lot » d’exportateurs qui « préfère sortir par les pistes qui ne sont pas des voies d’entrée formelles ». Ces pratiques, parfois facilitées par la complicité d’agents ou par la méconnaissance des règles, contournent les points de passage officiels, entraînant une perte de contrôle sur les flux et un manque à gagner pour l’État. Avec plus de 800 km de frontière avec le Nigeria, le Bénin dispose de nombreux points d’entrée et de sortie officiellement reconnus qui doivent être respectés pour un commerce légal et transparent.
Précisions pour les producteurs : Les taxes ne sont pas à leur charge
Le SGAG a tenu à clarifier un point important pour les producteurs, souvent victimes de désinformation. Il a rappelé que les frais et taxes liés à l’exportation ne sont pas à la charge du producteur de maïs, de cajou ou de soja qui vend sa récolte depuis son champ ou son grenier. C’est l’exportateur qui est redevable de ces montants au cordon douanier.