Le « Je ne compte pas gracier Réckya Madougou » du président Talon a glacé le sang dans les veines de tous les hommes épris de paix et de liberté et de justice. Tout le monde l’a diabolisé et condamné.
Pour l’immense majorité de nos compatriotes, le président Patrice Talon ne devrait pas sortir une telle phrase. Mais à côté, certains esprits se demandaient pourquoi le président Talon a pu dire cela. Lui que tous disent être très fin et très pondéré dans ses prises de parole. La réponse vient du côté du camp de LD. C’est à Boni Yayi pour ses positions et agissements que le président Talon a sorti cette phrase.
Il voit très mal et hypocrite que son prédécesseur dont il connaît l’agenda et la posture très hostile à la libération de Réckya Madougou veuille pousser l’hypocrisie loin en voulant « demander pardon » pour la libération de la candidate de son parti à la présidentielle dernière.
On peut toutefois mettre en doute cette position du président Talon et croire qu’il est en conjecture. Mais il a fallu l’épisode du vote de la loi de finances 2024 pour lire clairement le message du parti LD aux députés des deux blocs du pouvoir en place et particulièrement au président Talon. Yayi qui était à la manœuvre a brisé toutes les résistances pour imposer à ses députés de rejeter ce vote. Un budget qui a tout de même pris en compte les préoccupations de nos compatriotes et pour lequel, la minorité parlementaire a fait des amendements au nombre de 38 dont 36 ont été pris en compte par l’Exécutif béninois.
Lorsqu’on sait qu’une quelconque adhésion de l’opposition au vote de ce budget n’aura qu’un caractère symbolique parce que ne changeant rien qu’il soit pour ou contre, on se demande pourquoi il ne fallait pas faire le jeu politique.
Par ce consentement de l’opposition, l’opinion publique aurait retenu que Boni Yayi a ouvert le dialogue avec Talon pour espérer faire aboutir la principale requête des populations de voir les prisonniers en liberté et les exilés rentrés au pays.
Et c’est le député Br, Rachidi Gbadamassi qui a tiré sur la sonnette d’alarme sur la position réelle et très cachée du président Yayi. Il doit craindre pour son hégémonie dans le Septentrion. Yayi veut rester longtemps, l’unique recours, l’unique porte-parole de l’opposition. Il veut en être l’égérie de la résidence au diktat de la Rupture. Or Réckya Madougou libérée va lui ravir la vedette au même moment que ses amis. Même si c’est par la grâce présidentielle qu’elle sort avec la perte de tous ses droits civiques, elle restera une icône, l’égérie même de la résistance à Talon. Et ça le président Yayi n’a pas intérêt que ce graal lui échappe.
Sinon que le président Yayi sait très bien comment il s’est débattu en activant ses réseaux extérieurs pour sa libération de l’univers carcéral des 52 jours. Où un conteneur rempli de militaires était posé devant son portail. Les mêmes qui ont fait fléchir Patrice Talon sont tous là, toujours disposés à l’aider. Il lui suffit de faire le plaidoyer et d’adopter la posture qu’il faut et ses requêtes vont aboutir.
Mais Yayi préfère faire de la politique. Irriter le président Talon derrière et jouer les guignols devant les caméras pour montrer que c’est son interlocuteur le mal. Maintenant, c’est compris. L’honorable Gbadamassi a brisé le topo et tout le monde sait maintenant que c’est Boni Yayi le problème. S’il veut aujourd’hui, Réckya Madougou, Joël Aïvo et les autres vont recouvrer leur liberté.
Aboubakar TAKOU