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Politique Société

Justice béninoise: Pourquoi construire des prisons quand des localités manquent d’écoles ?

«Ouvrir une école, c’est fermer une prison.», Voilà ce que Victor Hugo déclarait il y a près de 200 ans.

Deux siècles plus tard, cette phrase du célèbre auteur français demeure toujours d’actualité et constitue même des sujets d’argumentation à divers examens. C’est la raison pour laquelle les propos du ministre de la Justice et de la Législation Sévérin Quenum, invité de l’émission télévisée ‘’Le Gouvernement en Action’’ choque un peu l’entendement même si au regard de la situation dans les prisons du pays le problème est réel sinon criard.

Mais y a-t-il un dilemme lorsqu’il s’agit de choisir entre construire une école  pour des enfants qui en ont besoin dans nos localités les plus reculées mais abandonnés à leur sort parce que peut-être trop loin ou encore nos écoles publiques qui ont des effectifs pléthoriques avec 80 et parfois 100 écoliers pour un enseignant et construire une prison parce que celles qui existent ont un effectif pléthorique mais composé de nombreux innocents pour la plus part en détention provisoire qui se prolonge au-delà du délai prescrit par la loi ou encore des voleurs de poulet, de portable ou autre délit mineur à qui on peut soumettre une sanction de travaux d’intérêt général mais qu’on garde des années en détention en violation des lois constitutionnelles et internationales ?

A cette question, il n’y a aucun dilemme, le choix est vite fait. Les 10 prisons que le gouvernement compte construire seraient les bienvenues si celles que nous avions déjà n’étaient pas bourrées de potentiels innocents en attente d’un jugement qu’ils réclament à cors et à cris sans pouvoir être entendus. La durée maximum d’une détention provisoire en suivant la lettre de l’Article 147, qui ne peut excéder 1 an et 45 jours en matière correctionnelle et 2 ans et 6 mois en matière criminelle, hormis les cas de crimes de sang, d’agression sexuelle et de crimes économiques, dépasser ces délais et excède la plus part du temps.

Des enfants qui n’ont rien à faire dans les prisons mais qui y sont à cause de la fuite des responsabilités de certains parents, des personnes adultes par la malchance ou qui subissent les conséquences d’un système carcéral grippé et en violation des lois de la république passent des années en prison à côtoyer des bandits de grand chemin, ceux pour qui la prison est réellement destinée, pour finir par ressembler à ces derniers à force de les côtoyer. Même si le Bénin a besoin de construire de nouvelles prisons, il serait judicieux de désengorger celles qui existent déjà avant de faire le point et savoir s’il faut en construire ou pas. La justice, c’est aussi et surtout être jugé dans les délais prescrits par la loi et en sortir une fois la peine purgée.

Arnaud KOUMONDJI

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