(Il a déjà perdu son immunité parlementaire)
L’Assemblée nationale de la République démocratique du Congo a franchi une étape décisive dans la lutte contre la corruption en votant l’autorisation de poursuites judiciaires contre le ministre d’État, ministre de la Justice et garde des Sceaux, Constant Mutamba Tungumba.
Réunis à Kinshasa, les députés congolais ont adopté à une écrasante majorité de 322 voix sur 363 (29 contre et 12 abstentions) une résolution permettant au procureur général près la Cour de cassation d’engager des poursuites contre le ministre. Ce dernier est au centre d’une affaire de détournement présumé de fonds publics, liée à un projet de construction de prison à Kisangani.
Les accusations portent sur un paiement anticipé de 19 millions de dollars américains versé à une entreprise nommée « Zion Construction ». Des irrégularités flagrantes ont été relevées : l’entreprise en question ne disposerait ni d’implantation physique, ni de personnel qualifié. De plus, les fonds auraient été versés sur un compte non autorisé, et malgré le décaissement de cette somme considérable, aucun début d’exécution du chantier n’a été constaté sur le terrain.
Avec ce vote, le ministre Mutamba a perdu son immunité parlementaire, ouvrant ainsi la voie à une mise en accusation devant la Cour de cassation, la plus haute juridiction pour les affaires impliquant des membres du gouvernement.
Constant Mutamba rejette fermement les accusations, qu’il qualifie de « cabale politique ». Cependant, cette affaire s’inscrit dans un contexte plus large de renforcement de la lutte contre la corruption et l’impunité en République démocratique du Congo, des thèmes centraux de l’agenda politique actuel.
Jean De Dieu TRINNOU