Le nord du Bénin fait face à une recrudescence d’attaques jihadistes d’une violence inédite. Après l’assaut meurtrier contre une base militaire près de Banikoara, qui a coûté la vie à une trentaine de soldats, un nouveau drame a frappé le 17 avril dernier : l’attaque simultanée de deux positions de l’opération « Mirador » dans le parc du W, revendiquée par le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans). Bilan : 54 militaires béninois tués, un record depuis les premières incursions terroristes en 2019.
Une menace venue du Burkina Faso
Selon François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, ces attaques s’inscrivent dans une stratégie d’escalade des groupes armés opérant depuis le Burkina Faso voisin. « Le Bénin subit des assauts répétés, mais ne peut ni agir préventivement au-delà de ses frontières ni exercer un droit de poursuite », explique-t-il. Le Burkina Faso, miné par l’instabilité politique et sécuritaire, est devenu un sanctuaire pour les jihadistes, qui en profitent pour frapper les pays limitrophes, dont le Bénin.
*L’échec de la coopération sécuritaire
Malgré le renforcement des troupes et des équipements dans les zones frontalières, le Bénin pâtit de l’absence de collaboration avec les régimes militaires du Burkina Faso et du Niger. Les relations entre Patrice Talon et les putschistes burkinabè (Ibrahim Traoré) et nigériens (Abdourahamane Tiani) sont au point mort, bloquant toute coordination anti-terroriste. « Le Bénin est seul face à une menace transnationale », déplore Soudan.
Quelles solutions ?
- Relancer la diplomatie sécuritaire avec Ouagadougou et Niamey, malgré les tensions politiques.
- Renforcer les alliances régionales (CEDEAO, G5 Sahel) pour une réponse collective.
- Moderniser l’armée béninoise avec des drones, des renseignements aériens et des unités mobiles.
Alors que le Bénin paie un lourd tribut dans la lutte anti-terroriste, son isolement stratégique aggrave la crise. Sans coopération avec ses voisins, la sécurisation du nord restera un défi colossal.
AY