Les députés ont adopté en première lecture, lors de la dernière journée de débats sur le budget de la Sécurité sociale, une mesure suspendant la réforme des retraites de 2023. La proposition a été approuvée par 255 voix pour et 146 contre. Elle a bénéficié du soutien majoritaire du PS, des écologistes et du RN, tandis que les députés Renaissance se sont abstenus. En revanche, LFI et les communistes ont voté contre, critiquant ce qu’ils considèrent comme un simple report de la réforme phare du second mandat d’Emmanuel Macron.
La cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, a déclaré que voter pour ce report équivalait à valider un départ à la retraite à 64 ans. À droite, le groupe Les Républicains s’est opposé à la suspension, tandis que le camp présidentiel a choisi l’abstention pour ne pas bloquer le vote, justifiant cette position par la volonté de ne pas compromettre l’accord conclu entre le gouvernement et les socialistes. Le Rassemblement national, historiquement hostile à la réforme, a voté en faveur de l’article 45 bis du projet de loi de financement de la Sécurité sociale qui acte cette suspension.
Le gouvernement de Sébastien Lecornu a ainsi consenti une concession majeure au Parti socialiste afin d’éviter la censure et d’assurer l’adoption du budget. La suspension de la réforme des retraites, adoptée avec controverse il y a deux ans, était un point crucial des négociations. Le leader du Parti socialiste, Olivier Faure, a salué cette décision comme une « victoire importante », soulignant que la question des retraites serait au cœur de la présidentielle de 2027. Il s’est dit fier de ce résultat, y voyant une étape vers une éventuelle abrogation en cas de victoire de la gauche.
À l’inverse, le président des Républicains, Bruno Retailleau, a qualifié la suspension de « capitulation », accusant le gouvernement de céder au « diktat » du Parti socialiste et de sacrifier l’avenir des jeunes générations.
Par ailleurs, en soirée, une large majorité de députés a rejeté la possibilité de geler les pensions de retraite et les minima sociaux, des mesures d’économie pourtant initialement prévues dans le projet de budget et soutenues par le gouvernement.
Jean De Dieu TRINNOU



